2006/05/31

Confession V...

Pour Bébé Mozart, on repassera...

Merci à PostSecret pour le concept.

2006/05/30

Pauvres enfants

Hier soir, discussion sur les rêves avec Fille Aînée.

Moi: Tu sais, chérie, il y a plusieurs enfants qui rêvent qu'ils se retrouvent tout nus à l'école. Ça m'est déjà arrivé.

Père indigne, au-dessus de ses affaires: Moi, jamais.

Fille Aînée, flabergastée de ma révélation: Tout nus! À l'école! (Un silence songeur, puis d'un ton docte:) Ce sont sans doute des enfants pauvres, qui n'ont rien pour se vêtir.

Père indigne et moi: ...... PFOUHAHAHAHAHA!

Fille Aînée: Ben quoi??? Heu, pis c'était une blague.

***

Beau dessin de Fille Aînée, intitulé (et je cite): La Femme du Diable.

Je me demande à quoi elle rêve, elle? Et aussi, si la file d'attente est longue chez les psys?

***

Désolée pour la brièveté des chroniques ces jours-ci; pendant les dodos de Bébé, mes efforts se concentrent sur mon jardin!

***




Addendum: Heu, Martine, est-ce que c'est ça, 175 ml?...

Martine la banlieusarde a la bonne idée de nous présenter des photos de ses riches archives en page d'ouverture de son site. Ses câpres de boutons de marguerites m'ont donné l'eau à la bouche... mais je crois que j'aurais mieux fait de laisser mes trois pauvres petits plants de marguerites fleurir plutôt que de les déparer pour si peu! (En plus, Martine nous avait avertis qu'il en fallait pratiquement un champ, mais je croyais que... enfin... je ne le ferai plus, c'est promis.)

P.S. Non, Maman, je n'ai pas enlevé les boutons des plants que nous avons laissés dans ma plate-bande. Quand même.

2006/05/29

Les escargots: tous une bande d'hypocrites

Vous vous souvenez d'Eugénie, ce petit ange blond à la langue sale? Eh bien, ce n'est pas l'approche de ses six ans qui lui inculque une quelconque maturité. J'ai eu encore une fois l'occasion de le constater cette fin de semaine, alors que j'étais plongée dans une courte mais intensive séance de jardinage.

Fille Aînée (de son ton "voyez-comme-c'est-merveilleux-la-nature!"): Oh! Regarde Eugénie, un escargot!

Mon regard se dirige, comme celui d'Eugénie, vers la bestiole qui mâchouille paisiblement un de mes plants de salade.

Mais au lieu de s'abîmer dans la contemplation de cette scène pastorale, Eugénie effectue un bond olympique vers l'arrière en s'écriant: "Ouache! Y m'a pissé su'a main!"

Et les deux filles de s'enfuir dans un sillon de rires hystériques.

J'aurais juré que l'escargot était innocent. Mais vous savez ce qu'on dit à propos de la vérité, n'est-ce pas? Qu'elle sort de la bouche des charmants petits...

Ouais. Passons.

2006/05/26

Du premier au second

Situation: La sortie de Maman

Premier bébé:

"Bon, chéri, je t'ai préparé l'horaire de Bébé. Il est sur la feuille ici, mais je l'ai aussi mis en fond d'écran sur l'ordi au cas où tu la perdrais.

D'habitude, Bébé soupe à 5h45. Il faut mettre son plat (dans le frigo, plat bleu, couvercle blanc, tablette du haut à gauche) 28 secondes dans le micro-ondes. Bon, ça peut être entre 25 et 30 secondes, mais 28, c'est vraiment l'idéal.

Ton souper est aussi au frigo. J'ai préparé l'assiette, tu as juste à la faire chauffer. J'espère que tu auras le temps de souper, pauvre chou!

Je sais que Bébé n'a pas été malade depuis deux mois, mais au cas où, je t'ai mis le thermomètre sur la table à langer. J'ai collé un Post-It dessus avec la température maximale normale. Si sa température est haute, tu lui donnes du Tempra. Un point vingt-cinq millilitres. J'ai aussi noté ça sur le fond d'écran. Oh, zut, j'ai oublié de sortir le Tempra de la pharmacie! Tu crois que ça ira? Oui? T'es sûr? Écoute, peu importe, le voilà.

S'il y a quoi que ce soit, tu m'appelles, hein? J'ai le cellulaire dans ma poche arrière au volume le plus élevé de sonnerie et en mode vibration. Tant pis si ça sonne pendant le film. Ce sera une urgence. Au cas où le téléphone ne fonctionnerait pas même si je l'ai mis en recharge pendant les dernières 48 heures en prévision de ce soir, le numéro du cinéma est le ...

Ça va, t'es sûr? Un peu stressé? Ouain, moi aussi. Pfiou. Bon, je dois y aller, là. Bisou.

T'es sûr que ça va aller? Je vais marcher lentement pour m'en aller, tu pourras me lâcher un cri au cas où...

Bon, oh la la. O.K., j'y vais. Bisou.

... Regarde, essaie donc de m'appeler sur le cellulaire avant que je parte, comme ça on sera fixés. Whoa! ça marche!

Je serai partie maximum deux heures et demie, O.K.? O.K? Bon, O.K. Bisou."

Et Maman s'en va, du plomb dans les souliers. Elle a délaissé son mari et son bébé; la vie est sombre, elle a oublié que la musique existe.

Elle tend l'oreille le plus longtemps possible afin d'entendre de probables appels au secours, puis, elle va se ronger les ongles au cinéma.

Le film est interminable.


***


Second bébé:

"O.K. les p'tits chous, bye! Faut qu'j'y aille, sinon je vais rater le bus!

Le souper du bébé? Hoffff, écoute, dans le frigo, là... Ou dans le congélo... Des affaires... Tu lui donnes, heu, quand elle a faim?

Votre souper, à Fille Aînée et toi? Je m'en s-- heu, j'veux dire, d'la pizz'?

Si elle est malade? Hofff, y'a du Tempra en quelque part. Je pense. Mais ça fait deux mois qu'elle n'a rien eu. Faut pas capoter, hein.

De toute façon j'ai le cellulaire. Je pense.

O.K., je dois -- quoi, encore??? Un bisou? Oh... mais oui mes amours! Où avais-je la tête, ha, ha, ha!...

Bon ben, bye! Amusez-vous bien!

En passant, je vais probablement rentrer tard."

Et Maman s'en va en courant à l'arrêt de bus. Des passants peuvent l'entendre fredonner, à la manière de Michèle Richard,
"Je suis libre, n'essaie pas de changer mes projets, je suis libre, la la la la..."

Le téléphone cellulaire, lui, a les batteries à plat. Mais ça ne change pas grand chose, puisque Maman l'a oublié à la maison au fond du sac à couches.

Et le film est vraiment, mais alors là vraiment, super bon.

2006/05/25

Petite montée de lait pour un problème de taille

Bon, les gars, câline.

(Câline: dérivé de caliche. Caliche: n.m. Minerai dont on extrait des nitrates au Chili.)

Je disais donc: Les gars, câline.

Je sais que vous pensez bien faire. Je sais que vous croyez que ça va nous faire plaisir. Le pire, c'est que jusqu'à un certain point, vous avez raison. Quelle mère ne rêve pas de rentrer dans ses pantalons de pré-parturiente? Mais, au risque de me faire dire que je me plains le ventre plat, je n'aime pas vraiment qu'on fasse de ma taille matière à compliment.

Premièrement, je ne sais pas si je suis trop sensible, mais je trouve ça mal élevé. Et deuxièmement, avec tous les problèmes qu'ont les femmes à s'accepter physiquement telles qu'elles sont, je trouve que ce genre de compliment alimente sans le vouloir la machine à complexes.

D'abord, il y a la manière. Résumé d'une conversation que j'ai eue hier soir et à d'autres occasions:

- Sur quoi tu travailles ces temps-ci?
- Sur rien; je suis en congé de maternité cette année.
- Ah oui?

Là, invariablement, le regard de l'interlocuteur descend len-te-ment jusqu'au ventre, puis remonte. Avec une expression d'étonnement mêlé d'admiration, il lance:

- Heille, mais ça paraît pas du tout!

O.K., c'est le fun, merci. Mais qu'est-ce que t'aurais dit si ça paraissait? Je me mets dans la peau de la fille qui passe sous la loupe du regard inquisiteur de l'Homme et qui subit ensuite un silence gêné, et franchement, ça m'énerve.

En plus, je ne connais pas d'autres situations où quelqu'un se permet de scruter aussi délibérément le corps de quelqu'un d'autre. Si ce gars-là avait été avec sa copine et qu'on avait tous été en maillot sur la plage, il aurait eu droit à une baboune d'enfer. Or, suffit qu'une fille ait séjourné à l'hôpital dans la dernière année pour y mettre un bébé au monde pour que ce genre d'enquête ne pose pas de problème.

Vraiment, pas de problème? Personnellement, je n'aime quand même pas ça. Si quelqu'un me dit qu'il aime les bonbons, je ne lui ouvre pas la bouche pour compter ses plombages et dire, devant ses quenottes blanches: "Heille, mais ça paraît pas du tout!" Comme les plombages, le fait que je retrouve ou non ma taille n'est pas du domaine public. Dans les faits, on ne peut pas le cacher, mais on ne veut pas nécessairement savoir ce que l'homme de la rue en pense.

Mais le plus important, à mon avis, est que ce genre de commentaire, même s'il est positif, met l'emphase sur l'image corporelle avec laquelle la majorité des femmes (peu importe leur âge et leur silhouette, d'ailleurs) ont tellement de difficulté à se réconcilier.

Avant qu'un regard ne soit admiratif, il n'est premièrement qu'un regard: nous sommes regardées. Et ensuite, la qualité admirative ou gênée du regard implique que nous sommes jugées. C'est ce jugement qui me dérange le plus. Après avoir accouché, nous sommes comme nous sommes. Et avant aussi, d'ailleurs. Oui, c'est probablement meilleur pour la santé d'avoir un poids proportionnel à sa taille, mais 1- Même si j'avais un ventre plus prononcé, cela ne veut pas dire que je serais trop grosse ou pas admirable et 2- Le fait que j'aie un ventre ou non n'est pas de vos maudites affaires. Autrement dit, ce n'est pas un élément que je soumets au jugement de qui que ce soit -- sauf au mien, et même ça, je le regrette, parce que mon jugement sur moi-même est en partie conditionné par le jugement que je m'imagine que les autres posent à mon égard.

(Je sais, vous pourriez me répondre qu'il n'y a pas que les hommes qui commentent notre taille, mais aussi les femmes. De un, soyons honnêtes, c'est pas pareil. La réception et les implications des compliments de ces messieurs ne sont pas tout à fait les mêmes. Et de deux, même si vous n'êtes pas d'accord avec moi là-dessus et que j'admets qu'il y ait matière à discussion, je pense que la valeur de mon argument général reste la même.)

***

L'autre jour, ma fille de six ans me demandait: "Maman, est-ce que je suis trop grosse ou trop maigre?" Remarquez l'absence de l'option "juste correcte".

Ma réponse: "Tu es parfaite, comme moi."

Non, je ne me considère comme un canon de beauté. Je ne ressemble absolument pas à un mannequin (sauf à ceux des excellentes publicités de Dove). Le message que je voulais transmettre à ma fille en lui disant cela, c'est: tu es belle, tu es parfaite comme tu es, et ta mère ne s'éverve pas non plus avec ça. Si toi, tu pouvais juste ne pas trop t'énerver avec ça dans ta vie, ça serait un héritage dont je serais vraiment fière.

Alors, les gars, dites-nous que nous sommes resplendissantes, il n'y a pas de problème avec ça! Mais s'il-vous-plaît, essayez donc de nous regarder seulement dans les yeux avant de le faire...

2006/05/24

Confession IV, Editor's Cut

Ha, ha, ha! J'vous ai bien eus, ce matin, non? Trouver que mon Bébé d'amour a des airs de Mr. Bush! Whoa, les moteurs! Franchement. Faudrait vraiment que je sois une mère indigne. Non, la vérité, c'est que...

Hum. Bon. Ma réputation est-elle rétablie, là?

(Grmelemele... Père indigne m'avait pourtant dit de n'en parler à personne... Ça m'apprendra...!)
(Note à Caroline: Tu vois, je n'ai même pas pu retenir mon surmoi plus de quelques heures...)

***

Sinon, j'aime bien cette photo. Je peux faire plein de choses amusantes avec.

Confession IV...

Attention, aujourd'hui, ça fesse.

Merci à PostSecret pour le concept.

2006/05/23

Week-end chez les fous, suite et fin

Père indigne: Je vais endormir Bébé.

Quelques minutes plus tard, dans la chambre de Bébé: Ouiiin! Ouiiin! Ouiiin! Ouiiin! Ouiiiiin! Ouiiiiiiiiiiin! WAAAAAAAAAA! WAAAAAAAAAAAAAAAAA! WA--- ! Da! Da! Da! Prrrrrrrrrtfff! Bababadada! GA GA GA! Agu-Agu-Agu!

J'entrouvre la porte de la chambre. Bébé est debout sur Père indigne et saute comme une grenouille sur le speed.

Moi: Je vois que nous avons des techniques diamétralement opposées pour endormir Bébé?

Père indigne: Je ne sais pas pour toi, mais moi, j'utilise la méthode du Dr. Feelgood.

Ce sur quoi nous avons eu un fou rire, et Bébé n'a pas fait sa sieste.

2006/05/22

Une soirée dans la vie d'une mère célibataire

Vendredi soir dernier, Père indigne étant parti frapper la ba-balle avec un compatriote, j'ai vécu ma première soirée de mère "célibataire" de sortie avec ses deux marmots.

J'avais jusque-là évité cette situation comme la peste. Les premiers mois avec Bébé, je ne pouvais tout simplement pas envisager de traîner nos imposantes pénates ailleurs en adulte solo. Mais surtout, l'idée de devoir à moi toute seule m'occuper de Bébé -- jamais aussi à l'aise chez les autres que chez nous -- ET d'avoir la charge de la conversation avec les grands me remplissait d'une angoisse indicible. En couple avec un jeune bébé, il faut diviser pour survivre: moi, je m'occupe du familial, toi, du social, et petit à petit, l'oiseau fait son nid.

Mais bon, les mois passent, Bébé grandit, on se fait à l'idée, et un beau jour, je me suis réveillée avec l'impression ferme de pouvoir, l'espace d'une soirée, aller rendre visite à des amis sans mon cher Mari indigne.

Folle que j'étais.

Première erreur: Bébé ne connaissait pas le terrain. Il y avait trop longtemps que nous n'avions pas rendu visite à ces amis, et Bébé a donc été confrontée sans briefing préalable à deux nouveaux adultes, trois enfants frétillants, une perruche caquetante, deux chats méfiants, une panoplie de poissons curieux et surtout, à un chien Danois doux comme un agneau, affectueux comme un chaton, mais de l'envergure d'un poney. La vision de ce dernier en particulier inspirait à Bébé, même de loin, un inconfort visible qui se traduisait par des ouin, ouin! dont l'intensité augmentait avec la fatigue.

Et parlons-en, de la fatigue. Bébé avait à peine dormi dans la voiture. (Seconde erreur: Se fier sur la voiture pour faire faire une sieste à Bébé.)

C'est vers cinq heures que les gémissements ont commencé. Pas les cris, pas les pleurs. Juste les gémissements. Mais incessants. Et Père indigne absent, je devais jouer les consolatrices tout en tentant désespérément de discuter le bout de gras avec un couple d'amis. Ça donnait à peu près ça: Ouiiinnn, ouiiinnn "(moi:) C'est plate qu'on n'ait pas pu venir à ton anniversaire parce que..." ouiiinnn, ouiiinnn "... on avait déjà accepté d'aller souper avec Martin et Geneviève" ouiiinnn, ouiiinnn "(copine:) ouais, je sais" ouiiinnn, ouiiinnn "(moi:) et j'ai été, ben oui Bébé, c'est correct, me faire masser à la place de Martin l'après-midi" ouiiinnn, ouiiinnn "(copain:) chanceuse!" ouiiinnn, ouiiinnn "(moi:) ouais, Martin a reculé et décidé qu'il ne voulait pas se faire masser par un homme finalement" ouiiinnn, ouiiinnn "(copain:) hin, hin, hin, le chicken!" ouiiinnn, ouiiinnn, WAAAAAAAAA "(moi:) je vais lui dire que t'as dit ça pis peux-tu mettre le chien dans le garage on dirait que Bébé badtrippe" AAAaaa, ouiiinnn, ouiiinnn "(copine:) elle a l'air d'être sur le bord de dormir, ta poupoune" ouiiinnn "(moi:) mets-en" ouiiinnn "(copine:) toi je gage que ça ne t'a pas dérangé de te faire masser..." ouiiinnn "... par un gars, hein?" ouiiinnn, ouiiinnn "(moi:) hin, hin, hin tout va bien chouchoune" ouiiinnn, ouiiinnn "(copine:) hin hin hin" ouiiinnn, ouiiinnn... Etc, ouiiinnn, ouiiinnn, etc.

Cinq minutes. Imaginez une soirée.

Le pire, c'est que la poupoune/chouchoune, elle avait toujours l'air d'être sur le bord de dormir. Mais ne s'endormait jamais. (Oh, elle a bien fait une sieste de quinze minutes. Une petite erreur de sa part, quoi. Ça arrive à tout le monde.)

Finalement, à huit heures, je m'éclipsai avec la marmaille en redoublant d'excuses pour la piètre invitée que j'avais été ce soir-là. Épuisée, je hissai Bébé (toujours sur le bord de s'endormir) dans l'auto. Heureusement, Fille Aînée est à l'âge où elle peut monter toute seule sur le siège arrière et attacher elle-même sa ceinture, sinon, dans l'état où je me trouvais, je crois que je me serais roulée en boule derrière la voiture, dans la bouette et sous la pluie torrentielle, et j'aurais supplié mes amis de me reculer dessus.

Nous partons. Au bout de dix minutes de voyage:

Moi: Bébé dort?
Fille Aînée: Hiiiiii, presque!

Dix minutes plus tard:

Moi: Bébé dort?
Fille Aînée: Hiiiiii, elle est sur le bord!

Encore dix minutes après:

Moi: Bébé dort?
Bébé: DA-DA-DA!
Fille Aînée: Zzzzzzzzzz.
Moi: Fuck.

Dix minutes avant d'arriver à la maison, c'est enfin le calme plat dans la voiture. J'anticipe un peu le moment où je devrai transférer Bébé de son siège à son lit sans la réveiller. Je me dis que Fille Aînée devra se réveiller pour rentrer parce que je n'ai tout simplement pas la force d'extirper un corps léthargique de la voiture.

Moi: Chérie... Chérie! Il faut sortir de l'auto.
Fille Aînée: Mmmnnhmm.
Moi: Allez, viens Chérie, on rentre.
Fille Aînée: Mmmmnnhpeux pas me prendre?
Moi: Non, tu es trop lourde. Allez, un petit effort.
Fille Aînée: Mmmmhhpas juste.

Pendant cette charmante conversation, je jette un coup d'oeil au siège de Bébé afin d'évaluer la situation. Et rencontre par le fait même une paire d'yeux grands ouverts et fixés sur moi.

Fuck.

Ça m'a pris une éternité à l'endormir. En plus, j'ai une petite manie en ce qui concerne les berceuses: je fixe un nombre de chansons (genre, cinq); si Bébé s'endort dans ces limites, je me considère chanceuse. Sinon, je réévalue la situation et re-fixe une limite. Mais le hic, c'est que si elle s'endort avant la fin des cinq berceuses (genre, à la première), je considère de mauvais augure de ne pas les chanter toutes les cinq. Ben oui, la madame, est folle. Je pense aussi qu'arrêter de chanter une berceuse en plein milieu porte malheur (ça pourrait peut-être provoquer l'effet zombie, par exemple). C'est sans doute pourquoi je chante Au clair de la lune à Bébé et jamais Supplique pour être enterré sur une plage de Sète. Mettons que la fin arrive pas mal plus vite si Bébé s'endort dès les premières mesures.

Dans le cas qui nous occupe, disons que même sans chanter du Brassens, j'ai été pognée sur la chaise berçante pendant un bon boutte.

Pendant ce temps, Fille Aînée s'est endormie dans son lit sans avoir fait son tour au toilettes. Très mauvais. Elle dort sur un lit à étage, alors pour les réveils noctures en cas de pipi pressant, ça craint.

Moi: Chérie, réveille-toi. Faut aller aux toilettes.
Fille Aînée: Mmmmnnhpeux pas me prendre?
Moi: Oui, allez, viens sur mon dos.
Fille Aînée: Mmmmhhvois bien que pas trop lourde...
Moi: C'est pas pareil que te sortir de la voiture.
Fille Aînée: Mmmmhhvois bien que pas trop lourde, bon!

Jésus Christ, cette soirée aura-t-elle une fin?
C'est peut-être ce que vous vous dites vous-mêmes, chers lecteurs, alors imaginez moi.

Enfin, enfin!, je me mets au lit. Sans avoir, moi non plus, fait mon pipi qui attendait patiemment depuis trois heures de l'après-midi. (Je le dis pour ceux qui n'ont pas d'enfants: oui, il est possible pour une mère d'avoir envie à trois heures heures de l'après-midi et d'oublier d'y aller avant neuf heures le soir parce qu'il y a toujours autre chose à faire.)

Levée pénible du corps. Fais ce que dois. Re-coucher.

Aaaahhh! Ouiiiiiiiiii! Dodoooooooooo!

Fuck.

J'ai oublié de prendre ma pilule.

Allez, on prend les paris: croyez-vous que je me suis relevée pour prendre ma pilule?

Après la soirée que je venais de passer?

Chers lecteurs, non seulement je me suis relevée, mais je me suis retenue à deux mains pour ne pas prendre rendez-vous pour une vasectomie.

Pour Père indigne, évidemment. Les absents ont toujours tort, non?

2006/05/21

Un week-end chez les fous

Du flou de certains concepts opératoires


Je ne sais plus trop ce qui a amené le sujet, mais je me suis retrouvée l’autre jour à décréter à Fille Aînée d'un ton sérieux (pompeux?): "Tu sais, il y a beaucoup de faim dans le monde."

Père indigne a renchéri: "Oui, imagine-toi que plusieurs personnes ont faim dans le monde à l'heure actuelle."

Le commentaire de Fille Aînée? "Mais oui, je sais! D’ailleurs, j'ai moi-même faim présentement."

***

Pan! dans les gencives

Fille Aînée, contemplant une photo d’elle : J’aime bien cette photo.

Moi, dans une humeur déconnatoire : Rhâ, j’aime bien cette photo de mouâ!

Fille Aînée, pas moins folle qu’une autre : Rhââââ! J’adeuuuure cette photo!!!

Moi : Houuuuu, photo, je t’âhêêême!

Fille Aînée : Tu es mon amooooooour, photo de mon coeurrrrr!

Moi : Bisous, bisous, bisous, photo!

Fille Aînée : Je t’aime tellement, photoooo, que je veux faire le sexe avec toi!

Moi : !!!

Fille Aînée : Hé hé hé.

Moi : Que, que, que…

Fille Aînée : Ben non Maman, c’t’une blague.

***

Comment sensibiliser inefficacement un enfant à la propriété intellectuelle

Fille Aînée : Papa, si tu avais une grenouille, comment tu l’appellerais?

Père indigne : Heu, laisse-moi réfléchir… Kermit?

Fille Aînée (qui ne connaît pas Kermit la grenouille) : Ah bon? Pourquoi?

Père indigne : Parce qu’il me semble que c’est un bon nom pour une grenouille. Et c’est original.

De ma part, une levée d’yeux au ciel qui frôlait la perfection.

***

Comment développer un imaginaire tordu chez votre enfant

Moi : Es-tu contente d’avoir un petit bébé sœur?

Fille Aînée : Oui!!! Mais c’est sûr que c’est un « bébé », je veux dire un bébé humain.

Père indigne : Peut-être aurais-tu aimé avoir une sœur crocodile?

Fille Aînée : Humpf!

Moi : En tout cas, tu n’aurais pas voulu prendre ton bain avec elle. (Silence songeur.) Et moi je n’aurais pas voulu être enceinte d'un bébé crocodile, j’aurais eu peur qu’il me mange de l’intérieur.

Silence.

Père indigne : Jeeze. JEEZE. Mon amour, parfois, tu me fais peur.

Autre silence.

Père indigne : J’espère que tu vas mettre ça sur ton blogue?

2006/05/19

Les perspectives d'avenir de Bébé: ça se complique

Tous les parents auront remarqué que, pendant qu’ils bercent leur chérubin en lui donnant à boire, le petit ange a au moins l’usage d’une main baladeuse qu’il emploie à diverses activités selon l’humeur du moment. De ses doigts dodus, il vous fouillera l’intérieur de la bouche, vous tiraillera l’oreille, vous broiera la trachée-artère ou encore vous explorera le décolleté en ayant pour objectif de noyauter votre mamelon dans une torsion mortelle.

Ces jours-ci, Bébé a une étrange manie. De sa main libre, elle emprisonne un des doigts de ma main occupée à tenir la bouteille et s’occupe délibérément à repousser mes cuticules. Pour vrai.

J’essaie tant bien que mal de bloquer son petit ongle avec le bout de mon doigt, mais elle n’a de cesse de rechercher mon ongle à moi et de se diriger, sans jamais faillir, vers le petit bout de peau – sensible! – à sa base. Suivent ensuite grattements, poussées et râclements divers.

Pour répondre à votre question : oui, ça me rend dingue.

Mais ma question à moi, c’est plutôt : y a-t-il de l’avenir pour une traductrice-manucure?

2006/05/18

Un anti-truc... de Mère indigne

Bon, me suis-je dit ce matin. La fête des Mères est finie, on va arrêter de se péter les bretelles et de jouer les plus-que-parfaites. On va arrêter de faire accroire qu’il y a juste Père indigne qui déconne dans cette maison. On va s’atteler, puis on va dire toute la vérité.

Il est temps, me suis-je dit ce matin, de me sortir la tête du sable, de me retrousser les manches, d’avaler mon orgueil, d’endosser mon plus bel habit d’humilité et de vous raconter… La Fois Où J’ai Eu l’Air La Plus Épaisse.

Alors, n'ayant en tête que votre seul plaisir… Prête, pas prête, j’y vais!

Il était une fois, moi qui faisais à manger à Bébé. Comme j’avais cru comprendre dans un livre qu’il est préférable de donner du jaune d’œuf mélangé avec des légumineuses si Bébé n’a pas de viande ou de tofu au repas, j’entrepris d’écrapoutre à la fourchette des pois chiches dont j’avais religieusement retiré l’enveloppe transparente, pour ne pas que Bébé s’étouffe avec. Écrapoutre à la fourchette, disais-je, parce que comme dirait Yoda, problèmes de mixeur notre maisonnée avait.

La purée ainsi préparée aurait eu tout pour plaire à Bébé, si ce n’avait été des grumeaux. En effet, j’avais eu beau écraser à qui mieux mieux, quelques mini-morceaux de ces saloperies de pois chiches avaient le culot de résister à l’envahisseur fourchu. Et pour un bébé de huit mois, des mini-morceaux de pois chiches, c’est dur et ça énerve.

Après quelques bouchées retournées à l’expéditeur par crachat express, je me rendis à l’évidence : entre les mini-morceaux de pois chiches et moi, il n’y aurait pas de stratégie gagnant-gagnant. Et comme j’étais la seule à posséder un cerveau, je devais me montrer à la hauteur. Les pulvériser, quoi.

Cependant, rappelez-vous, pas possible d’utiliser le mixeur. Un tamis aurait été l’idéal, mais il manque à mon par ailleurs très large (tousse, tousse) éventail d’outils de cuisine. Un égouttoir pour les pâtes? Une inspection me révéla des trous trop gros pour faire convenablement la job.

C’est alors que j’eus l’Idée de génie, l’Éclair d’inventivité du siècle.

Et c’est là que ça dérape sérieusement, mesdames et messieurs. Car c’est là qu’apparaît le « Y’a rien qu’à » initiateur de toutes les bêtises.

Qui a besoin d’un tamis?, me suis-je dit dans ma grande sagesse. Y’a rien qu’à mettre la purée grumeleuse dans un gant de toilette (oui, vous avez bien lu) et à presser. Du coup, la purée toute lisse va sortir alors que les méchants grumeaux vont rester emprisonnés dans le gant de toilette. Dans ma tête, c'était de toute beauté. L'application ingénieuse d'une simple loi de la physique.

J’avais oublié que ce n’est pas moi, le docteur en physique de la maison.

Je vais vous le dire ce qui se passe quand on met de la purée dans un gant de toilette et qu’on presse, mesdames et messieurs. Toute l'eau sort de la purée alors que toute la vraie nourriture, elle, se transforme en un magma asséché et rugueux – magma que l'on doit alors extirper du fond d'un gant de toilette.

J’avais inventé un truc qui était à la fois l’opposé de pratique et le contraire d’appétissant.

Je vous jure qu’avant de voir l'eau sortir toute seule du gant de toilette, je n’avais même pas l’impression d’être en train de faire quelque chose de stupide. Mais quand le liquide vert-brocoli a giclé au fond du bol, la révélation de ce que j’avais accompli m’a frappée de plein fouet.

J’avais enfourné la nourriture de Bébé dans un gant de toilette???

Mais, vous demandez-vous, quand donc s’est déroulé cet épisode honteux? Sûrement, cela a dû se produire quand Fille Aînée n’était qu’un bébé et que vous, Mère indigne, n'étiez encore qu'une génitrice amateure de bas étage?

Hé bien non, mes amis. C’était il y a trois semaines.

Allez, hein; riez, bidonnez-vous, ça me fait plaisir et c’est gratuit. Mais dites-vous bien une chose: personne n’est à l’abri.

***

Le commentaire de Père indigne le soir où je lui racontai ma brillante expérimentation:

"Le vieux dicton dit donc vrai: On a toujours besoin d'un petit ami à la maison."

Petit ami, petit tamis...

Il est drôle, quand même, le bougre.

2006/05/17

Confession III...

Ça commence à devenir une tradition...


(Inspiration du concept: PostSecret. Je vous conseille d'ailleurs d'aller y faire un tour cette semaine, on y fait un spécial maman où aucun secret n'est épargné, les bons comme les mauvais.)

2006/05/16

Quelques bricoles et un anti-truc

Autour du congrès de l'ACFAS

- J'ai remarqué que, même quand on est très très motivée, il est impossible d'écouter 8 conférenciers en ligne sans déconner un peu avec le voisin (voir exemple ci-contre);
- J'ai décidé de suggérer à l'ACFAS d'insérer quelques grilles de Sudoku dans leur bottin de conférences;
- J'ai posé des questions liées au contenu des conférences alors que tout ce que je voulais savoir, c'est à quel âge le conférencier avait fait ses premiers pas;
- J'ai bien rigolé en voyant qu'un certain Elin Thordardottir faisait une conférence sur les troubles du langages spécifiques chez les enfants d'âge préscolaire ("Z'ont tous un trouble très spécifique; sont pas capables de prononcer mon nom!". C'est niaiseux mais j'ai trouvé ça drôle.)
- J'ai expliqué à des non-parents que le feeling ressenti quand on écoute un film d'horreur et que le zombie, supposément mort, ouvre soudainement les yeux est exactement le même que quand un poupon, supposément endormi et sur le point d'être déposé dans son lit, ouvre subitement les yeux. J'ai passé pour une mère indigne;
- J'ai été obligée d'avouer que je n'ai pas de photos de mes enfants dans mon portefeuille à une jeune mère qui, elle, en avait. Re-indigne;
- Au lieu de prendre des bières fancys comme quand j'étais une Montréalaise qui se respecte, j'ai commandé des cocktails de madame de banlieue et je me suis demandé comment, avant, j'avais pu résister au cosmopolitain (rouge et servi dans un verre à Martini, avec une paille!!!);
- J'ai assisté à une conversation entre trois hommes sur leur désir de concilier leur travail avec leur future famille, et ce n'était même pas moi qui les avais obligés à en parler. Cool, non?

***

L'anti-truc de Père indigne

Messieurs, vous voulez, le temps d'une soirée, transformer votre épouse/conjointe de fait/marié de même sexe en une bête sauvage et sensuelle, prête à donner libre cours à ses bas instincts sur votre corps résigné?

Alors ne lui courez pas après dans la cuisine pour lui gratouiller les fesses avec sa carte de fête des Mères en criant d'une voix rauque: "Madame Nicole te veut!!! Madame Nicole te veeeuuuut!!!"

C'est un peu contre-productif.

2006/05/14

Un cadeau très... spécial

Fille Aînée s'est présentée devant moi ce matin avec un cadeau et un gros morceau de fierté en bagage: "Maman... (jouez hautbois, résonnez musettes), voici ton cadeau de Fête des Mères!"

Elle me tendit alors une carte rien de moins que magnifique. Objectivement parlant, bien sûr.

Je trouvai particulièrement bien pensé l'agencement des pétales de la fleur, qui semblaient se balancer au vent. Après les effusions d'usage ("Tu es la plus belle, Maman!" "Es-tu sûre de ça?" "Oui!!!", etc, etc.), je remarquai quelque chose sur la carte et félicitai intérieurement le professeur de Fille Aînée pour son ingéniosité:

Moi: Mais, oh!, tu as fait les pétales avec l'empreinte de tes mains! Comme c'est bien pensé!
Fille Aînée: Non, ce sont les mains de Madame Nicole.
Moi: Ah... heu, c'est très joli.

Les mains de Madame Nicole? Elle est bien gentille, Madame Nicole, mais avoir ses mains sur ma carte de Fête des Mères... Était-ce si difficile de faire découper aux enfants les empreintes de leurs propres mains?

Ou alors, de prendre carrément les empreintes des mains fortes et musclées de Monsieur Mathieu, le beau prof d'éduc?

Ça (insérer ici un rire idiot), ça aurait vraiment été songé...

2006/05/12

Synchronicité

Qu'y a-t-il de plus mignon qu'un bébé qui fait des gazouillis? (Bon, d'accord, un bébé qui dort. Mais ça, ça surpasse tout, alors ça ne compte pas.)

Tout récemment, Bébé a commencé à dire "Maman" d'un ton geignard ("Mémaiiiiin..."), généralement quand elle se pète la fiole en s'imaginant qu'elle peut marcher comme les grands. Mais elle maîtrise aussi toute une panoplie de sons, qui vont du babababa au caracalca en passant par le classique guhhi-guhhi.

Or, voilà que mercredi dernier, elle a utilisé un mot. Pas un vulgaire son, chers amis; un vrai mot. Et qui plus est, j'ai la quasi-certitude qu'elle l'a fait à bon escient et qu'un pan de son futur y était contenu.

Je m'apprêtais à tondre la pelouse, la petite perchée sur mon dos dans le porte-bébé. (Je ne craignais pas qu'elle s'apeure au bruit de la tondeuse. En effet, elle semble trouver les gros bruits plutôt réjouissants et y va de DA-DA-DA! enthousiastes au moindre ronronnement du moulin à café, du mixeur, du séchoir à cheveux et même de la balayeuse. En fait, le seul truc qui la fasse pleurer, c'est quand Père indigne joue du saxophone. Mystérieux, non?)

Notre outil de tonte consiste en une magnifique tondeuse électrique qui assume difficilement son côté usagé. (Nous en avons aussi une manuelle; cependant, cette merveille écologique ne tond que le feuillage tendre du gazon et laisse intacts les pissenlits. Autrement dit, elle ne coupe pas grand-chose chez nous.) Or, nos prises de courant extérieures sont, j'en ai peur, possédées d'un lutin malin qui ne les fait fonctionner qu'une fois sur deux, au prix d'essais multiples et de jurons marmonnés mais bien sentis.

Bébé juchée sur mon dos, je m'active d'une prise à l'autre, effectuant des tests tout aussi ratés les uns que les autres. Prise au-dessus de la porte d'entrée: Nada. Prise de la piscine: Niet. Prise du drive-way: No way. Pendant tous ces essais, je dois traîner le gros fil orange par dessus arbustes, poubelles et clôture. J'ai déjà chaud, et le gazon est toujours intact.

Expédition au sous-sol. Objectif: boîte à fusibles. Gossage après tous les interrupteurs qui ont un "Ext." écrits à côté d'eux sur du tape beige. Retour aux prises: Nada, niet, no way. Bébé sur le dos, arbustes, poubelles, clôture. Chaud. Gazon long. Voisins qui m'espionnent et me méprisent, n'en doutons point.

Dans un éclair de lucidité, je me souviens avoir fait le même pélerinage pour les lumières de Noël (que nous n'avons allumées qu'une seule fois, mais c'est une autre histoire). Et soudain, je me souviens que la clé du succès consistait à allumer l'éclairage de l'entrée pour que la prise au-dessus de la porte fonctionne. Sur cette réalisation, et frustrée d'avoir tant niaisé pour rien, je lâche un "Shitte!!!" retentissant.

Et j'entends alors monter dans mon dos une petite voix qui s'exclame d'un ton clair et joyeux: "Caaa-ca!"

Et voilà! Une affaire de réglée. Bébé sera traductrice.

***

Je serai de retour mardi, après un lundi échevelé passé à entendre parler de philo au congrès de l'ACFAS. En attendant, bonne fête des Mères à toutes!

2006/05/11

Plates-bandes blues

J'ai rencontré la reine des plates-bandes!

Je viens d'aller poussetter avec Bébé, armée de mon appareil photo afin de me donner des idées pour décider quel genre de plantes ça me tenterait de torturer cet été. Je suis assez banlieusarde en ce domaine (mais dans ce seul domaine, puisque je ne suis même pas fichue d'inventer des recettes à donner l'eau à la bouche et mes soins de beauté, c'est Dove non-parfumé).

Je photographiais en soupirant LA plate-bande sur laquelle je fantasme depuis deux ans et que je surnomme "la mégère apprivoisée". Plein, alors là plein, de toutes sortes d'affaires vivaces qui poussent n'importe comment, mais l'ensemble, mes amis! L'ensemble est toujours superbe.

Tout à coup, la maîtresse des lieux arriva.

J'avouai alors ma jalousie dévorante à cette vieille dame très sympathique. "Vos plates-bandes sont tellement belles!" (Sous-texte: "Moi, j'ai des pissenlits et les voisins se battent pour les arracher.")
Puis, j'y allai hardiment d'un: "Ce sont des monardes, ça?" (Sous-texte: "M'a faire assemblant que je connais quelque chose dans les patentes vartes qui sortent de la terre.")
Réponse de la dame: "Non, ce sont des é..." (Chnoute, j'ai déjà oublié le nom. Moi qui me disais justement que "é..." ça me faisait penser à... ah, zut, je sais plus quoi, et que ce serait donc facile à retenir. Screw that.)
Moi: "Ce ne sont pas des monardes? J'en ai pourtant une chez moi..."
La dominatrix de la Semaine Verte: "En tout cas, ça pousse tout seul, et ça se resème partout."

Et chez elle, il y en a effectivement partout. Enfer et damnation. Mon é... à moi, elle est toute seule dans son coin et la seule chose qu'elle sème, c'est la consternation. Finalement, je vais l'appeler mon écoeurante.

Quelqu'un sait si on vend des pouces verts chez Botanix?

2006/05/10

Confession II...

Mon billet à la PostSecret de la semaine.

Le vrai côté obscur du jardinage, ou l'arrache-pissenlits qui rend fou

Les banlieues sont productrices de névroses. Les villes aussi, remarquez bien, mais comme nous n'habitons la banlieue que depuis deux ans et demi, les ex-citadins que nous sommes sont plus enclins à remarquer le comportement banlieusard étrange qui se déploie sous leurs yeux qu'à se remémorer les bizarreries des Montréalais. Et dimanche dernier, j'ai été le témoin privilégié -- et, dans une certaine mesure, l'actrice -- d'une névrose de la périphérie.

J'étais en train d'expliquer les choses de la vie à Bébé ("regarde, des pics-pics; ça pique"), quand j'aperçu la deuxième voisine aborder Fille Aînée qui traînait sur le terrain de nos voisins immédiats. Or, autant les enfants savent qu'il est périlleux de parler à des adultes inconnus, autant, il me semble, les adultes savent de nos jours qu'il est dangereux pour eux de parler à des enfants inconnus sous peine de se voir ficher au commissariat comme pédophiles potentiels. Je trouvai donc éminemment étrange l'attitude de la madame blonde, qui semblait vouloir discuter -- mais de quoi? -- avec ma fillette de six ans.

Je m'étirai le cou par-dessus la minifourgonnette des voisins et m'inscrivit fermement dans le champ de vision de Deuxième Voisine. En m'apercevant, celle-ci ne put réprimer un tressaillement de bonheur. Et en une fraction de seconde, je compris. Elle avait à tout prix besoin d'un témoin.

Un témoin pour constater de visu à quel point son nouvel arrache-pissenlit fonctionnait magnifiquement bien.

Que ma fille ait eu seulement six ans était un désavantage mineur. Mais de voir arriver un adulte en chair et en os lui permettait de faire sa démonstration avec encore plus de joie et d'enthousiasme.

Deuxième Voisine: Ah! Madame! Je viens de m'acheter un arrache-pissenlit en solde chez Canadian Tire! Merveilleux, c'est sans effort...
Moi: Justement, mon mari a été m'en chercher un ce matin chez Réno pour arracher les pics-pics en arrière. (À Bébé:) Les pics-pics, ça pique.
Deuxième Voisine: Ah, non. Fallait aller chez Canadian Tire. Sont en spécial, et en plus la marque que j'ai achetée est recommandée dans le dernier Fleurs & Jardins.
Moi: Hmm, hmm. (Pics-pics, pique, pics-pics, pique...)
Deuxième Voisine: Mais justement, vous avez le terrain idéal pour que je vous fasse une démonstration!

(Tiens, la réponse à une de mes questions existentielles: Oui, les voisins remarquent nos nombreux pissenlits, et donc notre gazon mal tondu.)

Et Deuxième Voisine de se précipiter sur mon terrain avant et de se mettre à arracher les pissenlits comme une déchaînée. Elle brandissait ensuite d'une main victorieuse des plants de pissenlits agonisants, au cri de: "Voyez! C'est SANS EFFORT! En plus, c'est EN SPÉCIAL!"

Deuxième Voisine semblait plongée dans un état d'excitation extrême et continuait d'assassiner mes pissenlits à qui mieux mieux. Moi, j'étais trop abasourdie par la scène pour dire quoi que ce soit. Pourtant, quelques répliques me traversaient l'esprit: "Mais madame, j'aime les pissenlits!" (C'est vrai. C'est joli, ça sent bon, et ma fille m'en fait des bouquets.) Ou encore: "Madame, si j'enlève mes pissenlits dans la cour arrière, il n'y aura plus rien de vert." Ou bien: "Argh! Mes beaux pissenlits que j'ai plantés l'an dernier!" Ça, ça l'aurait stoppée net.

Père indigne arriva sur ces entrefaites. Perplexe.

Père indigne: Vous nous faites une démonstration?
Deuxième Voisine: Oui! C'est mon nouvel arrache-pissenlits! C'est SANS EFFORT! C'est EN SPÉCIAL! Et en plus, vous avez le terrain idéal!
Père indigne: Mais madame... êtes-vous en train de me dire que nous avons... des mauvaises herbes???
Deuxième Voisine, perplexe à son tour: Heu... oui?
Père indigne, se penchant sur l'instrument: Oh, mais, c'est tout un outil que vous avez là. (Se tournant vers moi:) Je regrette Chérie, je crois que celui que j'ai trouvé n'est pas à la hauteur.
Deuxième Voisine: En plus, il est en spécial.
Père indigne: Quand même. J'ai payé le mien dix dollars. Le vôtre a l'air de valoir, quoi? Vingt, vingt-cinq dollars?
Deuxième Voisine: Heu... Quarante, en spécial.
Père indigne: Ho, ho, ho! Clairement au-dessus de nos moyens!

Entendant cela, la deuxième voisine bredouilla ses excuses (une histoire de pissenlits à arracher dans sa cour) et repartit chez elle en quadruple vitesse. De la part de Père indigne, c'était un coup bas. En effet, c'est étrange, mais rien ne confond davantage votre bon voisin banlieusard de la classe moyenne-aisée que l'aveu que certaines choses sont au-dessus de vos moyens. Ça crée un malaise.

Enfin, bref. L'enthousiasme de ma voisine m'avait tout de même intriguée. Saisissant mon nouvel arrache-pissenlits cheapette, je me précipitai dans la cour arrière pour débusquer les pics-pics qui piquent.

Hé bien, après quinze minutes de travail (SANS EFFORT malgré le prix ridicule, je dois dire), j'étais devenue accro. Et c'est là que j'ai compris.

Arracher des pissenlits ou des pics-pics avec cet outil, c'est redevenir adolescent et reprendre contact avec l'intense satisfaction éprouvée lorsqu'il s'agissait de traquer et extirper ses points noirs. (Inutile de faire cette mine dégoûtée, hein. On est tous passés par là.) Une fois qu'on a commencé, difficile de s'arrêter. Et la deuxième voisine faisait probablement partie de cette catégorie d'ados qui, non contents de faire le ménage sur leur visage, s'attaquent aussi de manière incontrôlée à la figure ingrate de leurs amis.

Songez donc à cela avant d'acheter un arrache-pissenlit. Quel genre d'ado étiez-vous et, selon le cas, risquez-vous de perturber vos voisins à la pelouse ingrate?

***

Paraît-il que Père indigne, chez Réno, a aussi soulevé un coin de tapis sur une névrose reliée à l'arrache-pissenlits.

Alors qu'il examinait les types d'arrache-pissenlits avec un commis, ils furent interpellés par un inconnu à la voix grasse:

L'inconnu: Hé, hé, hé. C'est-y ça que ça prend pour enlever les hémorroïdes? Hé, hé, hé.
Père indigne: Monsieur, si votre problème en est rendu là, ce n'est pas ici que vous devriez être, mais chez un médecin.

Sacré Père indigne. Avec son accent belge, il peut tout se permettre.

2006/05/09

Critères paternels d’évaluation de la santé du nourrisson

Scénario 1 : Ma sœur, mon beau-frère, leur Fille Aînée (3 ans et demi) et leur Bébé (2 mois) sont en promenade dans la voiture.

Fille Aînée : Maman, Bébé ne bouge pas.

Ma soeur : Qu’est-ce que tu veux dire, elle ne bouge pas?

Fille Aînée : Ben, elle bouge pas. Du tout.

Ma soeur : Elle dort, tu veux dire?

Fille Aînée : Non, elle dort pas. Mais elle bouge pas.

Mon beau-frère : Elle est de quelle couleur?

***

Scénario 2 : Père indigne arrive de jeter un coup d’œil dans la chambre de Bébé. Cette dernière est au lit avec un gros rhume qui l’empêche de bien respirer par le nez, et donc de pouvoir téter tranquillement sa suce.

Moi : Puis, comment elle va?

Père indigne : Elle respire.

Silence.

Moi: Ben j'espère bien.


2006/05/08

Après le sport extrême...

... les mots d'enfant extrêmes?

Tout d'abord, une sorte d'avertissement: d'après Père indigne, l'anecdote qui suit fait partie de la catégorie "Fallait être là". Autrement dit, elle était vraiment bonne sur le coup, mais pas vraiment drôle quand on la raconte. Pour ma part, je pense qu'elle est davantage mise en valeur par la tradition orale, mais surtout, elle contient quelques vulgarités, et je n'ai pas été élevée comme ça, hein, Maman?

Mais bon, nous sommes lundi, une grosse semaine nous attend tous et ce ne sont pas quelques mauvais mots (comme dirait Fille Aînée) qui nous feront peur. De plus, cette histoire attend dans les limbes de mon blogue depuis quelques semaines et aujourd'hui se trouve être une journée pédagogique que je passe avec mes deux filles et ma nièce. Or, que fait-on dans ces occasions? Écrire sur son blogue? Mais bien sûr que non! Il faut plutôt courir chez Mamie avec les trois petites et utiliser les grands-parents comme esclaves afin de faire la sieste!

Alors, voilà: du purgatoire de Mère indigne, "Les mots d'enfant extrêmes" -- dans les circonstances, et les mots, et l'enfant sont extrêmes.

Pour apprécier pleinement les faits, une petite mise en contexte sur les protagonistes:

Père indigne: Docteur en physique qui adore expliquer tout et n'importe quoi à n'importe qui, y compris aux enfants. Il prend pour ce faire un ton très, très gentil qui vise à mettre à l'aise des interlocuteurs jusqu'à concurrence de 22 de quotient intellectuel. J'aime quand Père indigne explique des choses. Parfois même, le soir, cela m'aide à m'endormir.

Eugénie: La dernière des trois enfants de nos voisins. Les voisins sont des gens en tous points corrects, et leurs deux premiers rejetons, tout ce qu'il y a de bien élevés. Eugénie n'en est que davantage une énigme. C'est la première fois que je vois une enfant de 5 ans blasée. Parlez-lui de n'importe quoi, elle s'en sacre. En général, d'ailleurs, elle ne répond pas quand on lui parle, et si par hasard elle daigne réagir à nos interpellations, ce sera par un "Quessé?" à la limite de l'agressif. Heureusement, elle n'a pas encore appris à faire "finger", parce que ce jour-là, on va tous y goûter. Par contre, son côté blasé est compensé, si j'ose dire, par une tendance fouineuse pour tout ce qui ne la regarde pas. D'où les "De quoi? De quoi?" qui parsèment en arrière-plan les conversations qui ne s'adressent pas à elle.

Vous voyez venir le choc des cultures.

Par un bel après-midi, Père indigne sort de la salle de bain, portant Bébé emmitouflé dans une grande serviette de bain Bambou. Eugénie et Fille Aînée traînent dans les parages; Père indigne y voit aussitôt une occasion de répandre la culture dans le monde.

Père indigne: Dis donc, Eugénie, est-ce que tu sais c'est quoi, du bambou?
Eugénie: Quessé ça?
Fille Aînée, toujours la bonne élève: C'est ce que mangent les pandas!
Eugénie: Quessé ça?
Père indigne: Oui, c'est ce que mangent les pandas. C'est une essence de bois, mais imagine-toi qu'on peut aussi en tirer un fil! Et (roulements de tambour) la serviette de Bébé est faite en fibres de bambou. C'est très doux, tu vas voir.

Et Père indigne d'avancer vers Eugénie et de faire mine de lui toucher le bras avec ladite serviette. Eugénie, qui deux secondes auparavant avait l'air de quelqu'un à qui on parle REER, FEER et préarrangements funéraires dans un party de bureau, recule soudainement et, d'une voix stridente, s'écrie: "HEILLE! J'veux pas sentir le CUL!"

Sur ce, les deux filles courent se réfugier dans le sous-sol.

Je regarde Père indigne, Père indigne me regarde. WTF was that about?

Si ça avait été notre fille, on ne l'aurait pas trouvée drôle.

Mais là, je l'avoue, on a ri comme des bossus. À chaque fois qu'Eugénie remontait dans la cuisine, je me pinçais discrètement le nez d'un air dégoûté, et on s'esclaffait de plus belle, provoquant à chaque fois une ribambelle de "De quoi? De quoi?" anxieux.

À un certain moment, on s'est calmés, mais Père indigne en a lâchement profité pour me demander, d'un air inquiet: "Chérie, dis-moi la vérité. Est-ce que tu trouves que mon bambou sent le cul?" Un "De quoi?" nous est parvenu dans le lointain, et c'était reparti pour un tour.

Ce soir-là, j'ai même eu de la difficulté à chanter ses berceuses à Bébé sans pouffer de rire.

Mais derrière ces manifestations de joie, un nuage sombre: Peut-être rira-t-on moins quand Fille Aînée et Eugénie seront adolescentes?

2006/05/06

Le côté obscur du jardinage

Mon rêve de planter des lupins partout autour de la maison vient de s'évanouir.

Fille Aînée m'a déjà donné une belle frousse l'an dernier en consommant quelques feuilles de notre olivier. Ces feuilles s'avèrent être médicamenteuses, mais les médicaments, quand on n'en pas besoin, ce n'est pas nécessairement bon pour la santé!

Avec Bébé qui aura un an cet été, ma recherche sur les lupins vient de confirmer qu'il faudra faire preuve de précaution dans notre aménagement paysager.

Heureusement, le grand manitou Internet est là pour nous prodiguer ses précieux conseils ...

2006/05/05

Fée des dents: fiche biométrique

Fille Aînée: Maman, je pense que la Fée des dents habite sur un nuage.

La Fée des dents est une créature ailée.

Moi: Tu es sûre? Puisqu'elle aime tant les dents, elle habite peut-être, je ne sais pas moi, la mâchoire d'un requin? Trois rangées de dents, tu imagines! Et si un jour la Fée des dents arrête de t'amener des surprises, on saura ce qui lui est arrivé.

La Fée des dents est comestible.

Fille Aînée: Maman. Les requins vivent sous l'eau. La Fée des dents ne pourrait pas respirer.

La Fée des dents ne peut pas survivre dans tous les habitats.

Moi: Dans la gueule d'un alligator, alors?

Fille Aînée: Maman. Tous les crocodiliens vont dans l'eau.

La Fée des dents est comestible. La Fée des dents emmerde les mères ignorantes.

Fille Aînée: Mais j'ai un petit doute...

Argh. La Fée des dents, c'est Papa/Maman?

Fille Aînée: La Fée des dents transforme les dents des enfants en surprises qu'elle remet sous notre oreiller!

Fiou. La Fée des dents a seulement un passe-temps révoltant.

Moi: Tiens, justement, qu'est-ce qu'elle t'a apporté la Fée des dents cette nuit?

Fille Aînée: Un porte-clé jaguar!!! Tu te souviens, en plus hier j'avais dit que si je me réincarnais un jour, je voudrais être un jaguar! Et la Fée des dents m'en a amené un!

La Fée des dents est épatante -- et alors là, chapeau, Père indigne!


2006/05/04

Débat , des bas et des montées... de lait

Excellent débat hier soir chez Olivieri. Tous les panelistes ont été à la hauteur, l'atmosphère était aux échanges mais pas aux empoignades, les questions du public en général vraiment intéressantes, et j'étais installée tout à côté de l'étal des polars.

J'avoue avoir eu un peu de mal à me concentrer avec le genre de couvertures que j'avais sous les yeux (dont deux exemples à gauche), mais le pire a été d'être assise derrière une demoiselle au décolleté plongeant. Pas le décolleté de la poitrine, non. Celui des fesses.

Sans rire, il est extrêmement difficile de détourner les yeux plus de 10 secondes d'une craque de fesses. Sitôt que je tentais d'aller voir ailleurs, je me disais "Non, c'est pas possible. Elle ne peut pas montrer sa craque de fesses à ce point sans s'en rendre compte. J'ai dû me tromper, ça ne devait pas être si... oups, oui, c'est si pire que ça." Heureusement, j'ai ensuite remarqué qu'elle portait deux chaussettes non assorties aux pieds, ce qui m'a encore plus déstabilisée.

Les apparences étaient alors sauves, puisqu'il est à mon avis préférable d'avoir l'air de cultiver un fétichisme des pieds plutôt que du derrière. En public, en tout cas, ça paraît beaucoup moins.

***

Après le débat, j'ai raccompagné chez lui un ami que je n'avais pas vu depuis longtemps. Père adoptif d'une petite Chinoise, il me racontait toute la difficulté qu'il y avait à rassurer ces enfants qui ont passé la première année de leur vie sans avoir une seule personne stable dans leur entourage. L'attachement dont parle le docteur Chicoine, c'est un défi de tous les instants pour eux.

Mon ami me racontait qu'il leur avait été fortement déconseillé de faire garder leur petite pendant la première année qu'elle a passé avec eux. La crainte du bébé de voir encore une fois disparaître des adultes à qui elle s'est attachée étant énorme, la présence constante des parents était nécessaire pour la rassurer complètement. Leur fille a maintenant deux ans et demi, mais encore aujourd'hui, si la mère s'absente plus d'une demi-journée, en elle paie le prix: la petite l'ignore et refuse obstinément de l'écouter pendant quelques heures.

C'est le scénario qui s'est produit hier alors que la femme de mon ami allait chez le médecin pour le suivi médical de la petite. La mère s'était absentée la veille, et en représailles, sa fille refusait de faire devant le médecin ce qu'elle faisait habituellement sans rechigner à la maison. Le médecin, sans poser une seule question, en a "conclu" que la petite avait un urgent besoin de socialisation et qu'il était impératif de songer à la mettre en garderie. J'm'excuse??? On parle ici de parents extrêmement dévoués, qui sont pratiquement devenus des spécialistes en psychologie de l'adoption à force de lire des livres, de consulter et de faire appel à un tas de ressources pour être certains de bien faire leur job. Et voilà qu'un soi-disant professionnel, après deux minutes d'observation et sans même s'informer du contexte, décrète du haut de sa chaire ce qui est le Bien et ce qui est le Mal.

Ça, ça me met en rogne.

C'est comme le médecin qui, après que je lui ai dit que j'avais eu quelques petits saignements, a cherché les battements de coeur de mon bébé pendant à peine une petite minute avant de m'informer sur un ton jovial que les avortements spontanés étaient choses très courantes et que je ferais mieux de me faire faire un curetage plutôt d'attendre que ça "sorte tout seul". Et de me tendre une prescription pour une échographie avec la mention: "Grossesse arrêtée". Je me demande comment il expliquerait que mon avortement spontané me vomisse régulièrement dessus et m'ait dit "Maman" pour la première fois la semaine dernière.

Une copine à moi à aussi eu droit au diagnostic éclair alors qu'elle se prêtait gracieusement à une séance d'expérimentation dans le cadre d'un cours de psychoéducation. On devait la filmer interragissant avec son Ti-Loup, qui avait un an à l'époque. Or, Ti-Loup avait un gros rhume et mon amie était naturellement portée à le couver et à le câliner plus qu'à l'habitude. Les commentaires du prof et des étudiants devant le film ainsi produit? "Heille, il faut absolument que quelqu'un lui dise de le lâcher un peu, son petit! Elle pourrait le laisser respirer, non?"

Bravo, les champions. Tirer une conclusion générale sur la vie d'une personne à partir de deux minutes d'observation, c'est ce que j'appelle du professionnalisme invétéré.

C'est quand même génial. Si vous dites aréoport, vous êtes sûrement dyslexique. Perdez vos clés, on vous diagnostiquera alzheimer. Marchez dans de la merde de chien, on vous traitera de crotté. Et gare à vous si vous retenez votre souffle trop longtemps! Vous pourriez être victime d'une incinération intempestive...

Ceci dit, je ne me place pas au-dessus de la mêlée. Il y a quelque chose de rassurant (et souvent de rigolo) à étiqueter une personne à la moindre couette de travers ou au plus petit mot malheureux. Mais les gens dont je parle plus haut sont supposés être des professionnels, et ils agissaient tous à ce titre.

On dit parfois de ces personnes qu'elles se prennent trop au sérieux. Mais j'aimerais justement qu'elles se prennent parfois un peu plus au sérieux et respectent davantage les exigences de leur professionnalisme. Il me semble que les pauvres mortels que nous sommes se feraient respecter un peu plus par la même occasion.

Mais, j'y pense? Vous m'avez lu jusqu'ici? Vous n'avez donc que ça à faire, bande de paresseux!?

;)

2006/05/03

Le bébé et son manger: étude comparative

Bébé oiseau exhibant le comportement normal (aimable envers sa maman et réceptif envers les petits vers de terre) du nourrisson élevé en milieu naturel:
Bébé humain, corrompu par la culture et figé dans une attitude de rejet néfaste au développement de ses habiletés sociales ainsi qu'au chandail blanc de sa mère:

***

À mon avis, le problème, c'est que nous sommes omnivores. Si on ne mangeait que des petits vers de terre, comme les bébés oiseaux, on n'aurait pas le choix d'aimer ça. Or, nous avons le choix. Trop de choix. Et qui dit trop de choix, dit développement d'une habitude détestable chez l'enfant, joliment décrite par l'expression:"Hé qu'il est difficile le p'tit maudit, envoye ouvre ta bouche!"

Bien que les dés ne soient pas encore jetés pour Bébé, Fille Aînée en tout cas est incroyablement difficile. C'est en sauce? Pas bon. Grillé? Beurk. Citronné? Ouache. Sucré sans être un dessert? Pervers. Et quand ce n'est pas le goût, c'est la texture. De son propre aveu, elle préférerait que nous soyons végétariens -- à la notable exception du poulet rôti et gras du supermarché, dont elle raffole. Beurk.

Le truc, c'est que j'ai trouvé un truc. Le truc qui marche vraiment. Mais, il y a un mais... Ma stratégie me chatouille à fond la glande "culpabilité", un appendice que toute nouvelle mère vient équipée avec, oserais-je avancer si je voulais draguer un Anglo.

J'ai découvert le truc un soir que nous allions nous attabler devant un poulet aux abricots. On comprend que l'équation sauce + sucré = désastre assuré auprès de Petite Chérie. Or, avant même que celle-ci ait eu la chance d'endosser son air "je-vais-dégobiller" de circonstance, je lui ai déclaré d'un ton guilleret: "Ton défi ce soir est de manger ton poulet!".

De la part de Fille Aînée, qui à 4 ans était déjà une championne rhétoricienne, je m'attendais à tout. D'abord, pourquoi un défi? Et qu'est-ce qui va arriver si je décide de ne pas le relever, ton "défi"?

Hé bien non, rien de tout ça. En fait, rien du tout. Elle a simplement regardé son assiette, soupiré "ah bon", et... elle a tout mangé. Elle. A. Tout. Mangé!!! Si certains parmi vous ont des enfants difficiles, ils comprendront toute la magie qui réside dans ces quatre petits mots.

J'ai réessayé le truc à plusieurs reprises. Est-ce parce qu'elle aime relever des défis? Est-ce parce qu'à l'école, ils font des "défis" au lieu de faire des examens? Toujours est-il que le résultat reste le même. Succès garanti.

D'où la culpabilité, évidemment. À chaque fois que j'utilise ma supercherie, le p'tit ange de l'épaule droite et le p'tit démon de l'épaule gauche se mettent chatter ensemble comme des malades:

<cute angel> L voulait élever sa fille en lui inculkant un regard critik env l'autorité...
<cute angel> Ms l se garde bien de lui faire kestionner son autorité, hein?
<
littl devil> Heille, le smatte, as-tu déjà entendu parler de l'expression "c ma prérogative en tt que parent"?
<
cute angel> l ne lui a même pas posé de quest, sa povre petite. L a tt accepté, ds sa grde confiance env sa mère. Ds mon livre, c de la manipulation pure & simple!
<littl
devil> OK ms ça marche, clisse, ça marche!
<littl devil> t'inquiète ps, la ptite va se réveiller assez vite! En attendant, la vieille devrait en profiter!
<
cute angel> ouain, ché ps. C ps correct koi, y'a 1 pb avec ça.
<littl
devil> angel baby, u r so sick.
<cute angel> lol dev... c u in hell.

Bon, il faut dire que je me sens déjà coupable d'avoir menti à ma fille au sujet du Père Noël. Le terreau est donc fertile pour que je me sente mal à la moindre occasion où j'ai l'impression de lui en passer une petite vite.

Mais je me dis que, pendant cet âge d'or où Fille Aînée ne questionne pas mes défis, elle goûte quand même à tout et qu'en fait, c'est une chance que je lui offre de développer ses papilles gustatives qui, sinon, finiraient par s'atrophier!

Et puis le petit diable a raison: elle finira bien par protester. Mais en attendant... En attendant, ben... J'en profite!

***

Note: Merci à l'auteure de ce site pour les abbréviations de "chat" francophone... c ps une mère o foyer kom moi ki konnaît ben ben ça!

2006/05/02

Confession...

...à la manière de PostSecret.


Note: La honte a finalement eu raison de nous ce matin. Après avoir vu un brouillon de ce billet, Père indigne a tendu un dix et un vingt à Fille Aînée pour remplumer son petit cochon... (Si tant est qu'on puisse remplumer un cochon.)

2006/05/01

Pour changer du "gaga gougou"

Ma sortie de mercredi soir prochain: La revue de débats publics Les Cahiers du 27 juin organise un débat sur le thème "Québec lucide ou solidaire?", avec Françoise David, Michel Seymour (prof de philo à l'UdeM) et Pierre Fortin (prof de sciences économiques à l'UQAM). Le tout sera animé par Michel Lacombe, de Radio-Can. Les infos sont disponibles ici.

Si vous n'avez pas déjà vu Françoise David "live", je vous le conseille: c'est vraiment une femme impressionnante. Et Michel Seymour est également un orateur exceptionnel.

Finalement, ce qui ne gâche rien: l'ambiance branchée du Bistro Olivieri, où se tiendra l'événement, sera un dépaysement fort apprécié pour la mère au foyer que je suis!

Je sens que jeudi matin, au petit déjeuner, Fille Aînée va se taper une conversation axée sur les enjeux sociaux...

Les trucs de Mère indigne

Vous êtes une nouvelle maman? Si oui, inutile de le nier, vous êtes aussi à la recherche de notre Graal à toutes, aussi connu sous le nom de "poids d'avant la grossesse".

Si le simple épuisement et les nuits blanches ne suffisent pas à vous faire retrouver votre taille d'antan, voici un truc absolument imparable auquel aucun kilo ne résistera: Fixez-vous une limite psychologique à ne pas dépasser -- mettons 140 livres. Montez sur le pèse-personne. Maintenant, attention: la prochaine étape est cruciale et demande énormément de concentration, sinon, c'est raté. Lorsque l'afficheur indique 139 livres, SAUTEZ IMMÉDIATEMENT EN BAS DE LA BALANCE. J'ai essayé, et ça marche à tous les coups!

Une solution psychologique à une limite psychologique, c'est toujours mieux que rien, non?
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