2006/07/31

L'apocalypse dans cinq, quatre, trois...

Mesdames, vous voulez mettre un peu de piquant dans la vie de vos proches? C'est facile. Partez.

Non, non! Ne faites pas vos valises! Quand je dis "Partez", je veux dire qu'il vous suffit de partir cinq minutes.

Exemple:

Samedi soir, 19h. Il faut aller chercher des frites pour accompagner les moules marinières (on n'épouse pas impunément un Belge). Afin de montrer à Fille Aînée que la culture ne s'arrête pas à lire des BD, Père indigne est occupé à lui installer Le gendarme et les extraterrestres dans le DVD. Or, pour que les branchements du DVD et autres machines arrivent à produire du son, il faut que ce soit Père indigne qui installe les films. Ergo, vous vous portez volontaire pour les frites.

(Bon, il y a aussi le fait qu'à la Belle Province que vous fréquentez, les gars derrière le comptoir sont pas mal, mais alors là, pas mal du tout. Y'en a un super baraqué mais pas trop, comme un nageur -- et il se balade toujours en t-shirt serré --, et un autre qui a un de ces sourires! Juste à les voir tremper leurs frites dans l'huile chaude... Mais je m'égare.)

"Bon, les cocos, je reviens dans 5 minutes!"

Et cinq minutes plus tard, vous êtes de retour dans le nid familial.

Où Bébé hurle à pleins poumons.

Où Fille Aînée, hystérique, vous affirme que quelque chose s'est produit de "vraiment DÉ-GUEU, Maman!!!"

Et où Père indigne a l'air de Gilligan qui aurait subi une journée, que dis-je, une semaine particulièrement éprouvante sur une île inhospitalière d'où Ginger et Marianne se seraient enfuies en le laissant se débrouiller avec un capitaine incontinent.

Les divers témoignages qui vous parviennent de toutes parts vous permettent de reconstituer les faits:

"C'était dégueulasse!" (Fille Aînée)
"Bon. Bébé s'est pris le pied dans le tabouret et j'ai essayé de l'enlever mais ça lui a fait mal." (Père indigne)
"C'était dégueulasse!" (Fille Aînée)
"Mais le pire, c'était avant." (Père indigne)
"Ouais, c'était dégueulasse!" (Fille Aînée)
"J'écoutais Le gendarme avec Fille Aînée et Bébé se promenait autour..." (Père indigne)
"C'était dé-gueu-lasse!" (Fille Aînée)
"... Elle n'avait pas de couche." (Père indigne)
"C'était dégueulasse!" (Fille Aînée)
"Alors j'entends des bruits bizarres..." (Père indigne)
"Dégueu!!!" (Fille Aînée)
"... et je la vois assise par terre, en train de bouffer quelque chose..." (Père indigne)
"C'était dégueulasse!" (Fille Aînée)
"Y'avait comme deux crottes..." (Père indigne)
"Ouache!" (Fille Aînée)
"... et elle en avait sur la langue." (Père indigne)
"Maman, là, c'était vraiment dégueulasse." (Fille Aînée)
"Je l'ai lavée partout, là, ça va." (Père indigne)
"Mais c'était dégueulasse." (Fille Aînée)

Cinq minutes, vous dites-vous. Cinq minutes!

***

Le jour suivant, pour faire un test d'action/réaction, Père indigne raconte la mésaventure à Eugénie.

"J'ai vraiment insisté sur les détails," me dit-il après-coup, "pour voir jusqu'à quel point je pourrais la déstabiliser."

"Et qu'est-ce qu'elle a dit?"

"Elle m'a dit: "Tu aurais dû le mettre dans ta bouche, le caca!""

Là, j'en ai été émerveillée. Sérieusement, j'ai eu l'impression d'assister à un moment charnière de l'évolution humaine, comme si quelqu'un voyait, dans sa cour arrière, un homme du néolithique gosser après une roche pour fabriquer la première roue.

Parce qu'enfin, que je sois pendue si Père indigne n'a pas été témoin d'une forme primitive et rudimentaire de l'expression populaire "Mange donc de la ...!"

C'est beau, la marche des civilisations.

2006/07/28

Logique implacable

J'ai une copine qui a l'habitude d'endormir son bébé en lui chantant "À la claire fontaine". Pas juste 3-4 strophes, là. La chanson au complet, version originale avec la fin triste et tout.

Or, sa poupounette, elle, a l'habitude de s'endormir de manière récurrente à la fin de la seconde interprétation de cette berceuse. Belle régularité, on aime ça chez les bébés.

L'autre jour, mon amie était particulièrement pressée d'endormir Poupounette. Était-ce la fatigue extrême, la cruauté de la vie, le fait qu'il ne restait plus de biscuits Célébration dans le garde-manger? Toujours est-il qu'elle voulait, elle aussi, aller rejoindre le beau Morphée pour une partie fine au motel Dodo.

C'est alors qu'elle s'est surprise à chanter la berceuse plus rapidement. Raisonnement sous-jacent: plus vite elle arriverait à la fin de la deuxième tournée, plus vite Poupounette dormirait.

Finalement, je me suis ren mon amie s'est rendue compte que ça ne marchait pas comme ça.

Confession paranoïaque

Inspirée d'une course contre la montre ce matin, pour arriver saine et sauve à l'heure de la sieste.


Merci à PostSecret pour le concept.

2006/07/26

La switch à "bitch": cas d'espèce

Visite à l'Exotarium hier avec Fille Aînée, qui n'aurait jamais pensé que les tortues pouvaient marcher aussi vite, et avec Bébé, qui essayait par tous les moyens d'infiltrer ses doigts dans la grille de la cage d'un alligator à l'oeil torve. Le sac-à-main manqué ne bougeait pas mais n'en pensait pas moins, j'en suis sûre.

Pour ma part, ce qui m'a fascinée, c'est le pouvoir d'évocation des tortues. J'ai d'ailleurs baptisé le spécimen ci-contre "Rocco".

***

J'ai aussi pu observer à l'Exotarium un type d'animal apparenté au serpent venimeux: une dame qui avait, comme dirait Beauf' adoré, la switch collée à "bitch".

Toute en rose fuschia, elle avait le teint floridien et la voix pavarottesque.

"Mon Dieu!", s'exclame-t-elle devant un formidable papillon bleu électrique exposé sur les murs de la section "Insectes". "C'est ben LAID!"

Eugénie, sors de ce corps?

"Wéyons, Môman", de répondre sa fille qu'on sentait déjà un peu mal à l'aise. "C'est des beaux papillons."

Le gendre, lui, ne pipe mot.

"Sont laids, c't'effrayant", réitère Môman. Elle jette un regard dédaigneux sur les environs. "Quins, y'a du monde assis icitte. Pour moé y vont lâcher des papillons ta-l'heure."

"Ben non, c't'un film."

"Y vont lâcher des papillons ta-l'heure."

"Ben non, c't'un film."

"Y vont lâcher des papillons ta-l'heure."

"Môman, c't'un film!"

"Y vont lâcher des papillons." (S'adressant à une dame assise sur un banc:) "Han, madame, y vont lâcher des papillons icitte, ta-l'heure?"

"NON, MÔMAN, c't'un film!"

"Non madame, c'est une projection de film."

"Ouain. Y vont lâcher des papillons icitte un m'ment n'né."

Dans le coin du gendre, le silence règne.

Plus loin: "Quins, r'garde, Môman. C'est écrit: De magnifiques insectes."

Môman regarde un scarabée africain ivoire et noir, tellement majestueux qu'il en est sexy. Elle pince les lèvres et annonce d'une voix moqueuse: "Ben oui. Sont beeeeen magnifiques."

Le gendre est toujours absent de l'écran radar.

J'avais oublié de vous dire: nous sommes dans une vieille grange d'époque reconvertie en insectarium. Une vive lumière s'infiltre entre les planches; des courants d'air en profitent pour venir apaiser l'humidité de cette chaude journée.

Mais le sol de la grange n'est pas très droit, et la fille de Môman manque de perdre pied en jouant à cherche-la-mygale.

Examinant le plancher d'un oeil critique, Môman décrète que "si ça contunue, on va visiter la cave." Voyant les nombreux interstices, elle ajoute: "Y doit avoir des souris icitte, la nuitte, ça doit être effrayant."

Et dans cet insectarium, c'est le gendre qui, jusqu'alors coi, remporte la palme de la réplique absurde: "Ben non, voyons. Y'a pas de bébittes icitte."

Quand ils sont partis, la coquerelle géante de Madagascar ricanait encore.

2006/07/25

La vie est pleine de surprises

Comme la fois, lundi, où j'avais désespérément besoin d'un café.

Le café était prêt quand, par une étrange coïncidence, je me suis remémorée la boîte de délicieux petits sablés achetés chez Adonis la semaine dernière et trop bien rangée, donc oubliée, dans le garde-manger.

Miam, miam! Il en restait un de ma sorte favorite, que j'engloutis comme le champion du monde des mangeurs de hot-dogs mange son premier hot-dog.

Toute décidée à devenir la championne du monde des mangeurs de sablés, je me retroussai les manches et me penchai sur la boîte pour en choisir un second à loisir. C'est alors que je la vis.

"La", c'est une grouillante colonie de fourmis minuscules qui avait investi toute ma boîte de biscuits. Et les salopes, elles ressemblaient à s'y méprendre à des miettes de sablé. Honnêtement, je ne vois pas comment il y aurait pu y en avoir moins qu'une vingtaine sur mon petit sablé préféré. Que j'avais déjà avalé allègrement, on s'en souvient.

Horrible, je sais. Mais plein de protéines, n'est-ce pas? Hein? En tout cas, j'espère. Pour que cette tragédie ne se soit pas produite en vain.

De toute façon, comme l'a souligné Père indigne, "Ray Charles, ça devait lui arriver tout le temps".

2006/07/21

Combien de fois faut tourner la langue, déjà?

Bon, bon, bon.

Aujourd'hui, je vais être obligée d'être un peu vulgaire, là, vers la fin.

C'est bien pour dire: pendant quinze ans, on fréquente Aristote, Descartes, Hobbes, Kant, Rousseau et Heidegger et une fois, juste une fois, on se laisse aller à lire un roman de Xaviera Hollander, et devinez ce qui colle?

Soupir.

Mais ce n'est pas complètement ma faute. C'est un peu celle des enfants. Car, sachez-le, l'innocence n'est pas l'antithèse de la vulgarité. Sans le faire exprès, elle peut même la provoquer. J'en veux pour preuve ces quelques anecdotes, dont le but est de vous rappeler qu'avant de se commettre en répondant à une question, il vaut toujours mieux examiner ses dessous (les dessous de la question, il va sans dire. Mais vous faites ce que vous voulez tant que ça reste dans votre intimité, hein).

Je ne me souviens plus de l'origine exacte de l'histoire, mais me semble que ça vient de la famille proche (étonnant, non?). Elle met en scène un fiston de quatre ans et son papa.

-- Papa, qu'est-ce que c'est, un condom?
-- Heu, un condom?
-- Oui.
-- C'est, heu, quand un papa et une maman ne veulent pas faire un autre petit bébé, heu...
-- Mais c'est quoi?
-- ... Ben, c'est une sorte d'enveloppe pour ne pas que le bébé se fasse dans la maman. Et il faut la mettre sur, heu...
-- C'est une enveloppe?
-- Oui. Une sorte de plastique.
-- C'est ça, un condom?
-- Oui.
-- C'est ça que tantine s'est achetée à St-Sauveur?

Ben oui, salsifi de Macaroni tout garni. Le p'tit bout parlait d'un condo.

J'ai l'habitude des questions sexuelles de Fille Aînée, alors je ne tombe pas facilement dans le piège. Mais hier, elle a failli m'avoir.

-- Maman, qu'est-ce que ça veut dire, "rester vierge"?
-- Pouf, pouf. Rester vierge. (Argh.) Ça veut dire... que... tu... (Alerte rouge! Back up! Ne te fais pas pogner à expliquer ce qui ne dois pas l'être!) Hum, tu parles de "rester vierge" comme dans quelle phrase?
-- "Ce terrain doit rester vierge."
-- Ah! (Ah, ah!) Ça veut dire qu'on ne peut rien bâtir dessus. (We are the champions, my friiieeends...)

Le plus pervers là-dedans, c'est que parfois, c'est l'inverse qui se produit. On croit que la question est anodine, et puis...

Fille Aînée -- Maman, qu'est-ce que ça veut dire, "reculer"?
Moi -- Reculer? Ben, voyons, tu le sais! Reculer, c'est marcher par en arrière.
Fille Aînée -- Tsk. Non, pas ça. "Reculer", mais pas marcher par en arrière...
Moi -- Comme dans quoi?

Et c'est là que... Vous connaissez la chanson "Le ciel est bleu, la mer est calme"? C'est là que Fille Aînée m'a interprété, sur l'air de cette chansonnette, la version qui suit:

"Tu pues du bec, tu sens des pieds
Va te faire reculer!"

Ah, oui. Se faire reculer.

Dorénavant, dans ces situations, je passe le micro à Père indigne. Quant à moi, vous m'excuserez, mais je ne répondrai plus à ce genre de questions qu'en présence de mon avocat.

2006/07/20

La réhabilitation d'Eugénie (mettons)

Eugénie sonne à la porte peu avant le souper, question de grapiller un petit quinze minutes avec sa copine, qui l'accueille ainsi:

Fille Aînée -- Toi, Eugénie, est-ce que tu connais Jésus?

(Tudieu. Y'en a qui rient déjà.)

Eugénie -- Ben... ouain.

Fille Aînée -- Parce que moi, j'ai des bandes dessinées de Jésus. Ça te tente de les voir?

Eugénie -- Ben... ouain.

(Ce sont mes bandes dessinées de Jésus. Que ma grand-mère m'a données quand j'étais jeune. Je les adorais. Et Fille Aînée -- qui, à son grand dam, n'est pas baptisée -- les adore aussi. C'est une très belle histoire. Voyons si Eugénie peut en retenir quelque chose...)

Les filles descendent donc au sous-sol pour jaser versets bibliques. Dix minutes plus tard, le souper est prêt; Eugénie s'éclipse.

Alors que nous sommes tous attablés devant un sublime repas préparé par votre serviteuse, Fille Aînée déclare: "Maman, y'en a qui disent que c'est sexy s'embrasser sur la bouche quand on est tout nus. Mais moi, je trouve pas."

Moi et Père indigne -- Qui, que, quoi!!!

Fille Aînée -- C'est vrai, hein. Y'en a qui disent ça. Mais moi, je trouve pas.

Moi -- Qui t'a dit ça, que c'était sexy?

Fille Aînée -- Eugénie, tantôt.

Ouaipe, mesdames et messieurs.

Pendant toutes ces années, y'a comme qui dirait un bout important de la visite de l'Ange Gabriel qui m'a complètement échappé.

2006/07/19

Mère indigne va trop loin

Mardi après-midi. Il fait beau; il fait chaud.

Le soleil caresse de ses rayons mordorés la peau farineuse de Mère indigne, qui se badigeonne ainsi que ses enfants de FPS 45 malgré les risques hormonaux mais surtout gustatifs de la mixture. Peut-être même la foudre risque-t-elle davantage de s'abattre sur les personnes qui se tartinent avec du Ombrelle force maximum? Who knows? Who cares?

C'est alors qu'arrive, au volant de sa Ford Matrique, Jean-Louis X. Pour les besoins de l'histoire, appelons-le Jean-Louis XXX.

C'est le meilleur ami de Père indigne. De sexe masculin comme son nom le suggère, professionnel, la trentaine jusqu'à nouvel ordre. Un gars propre de sa personne, qui sait se tenir (il a amené du vin blanc), et qui possède un certain sens de l'humour (il a offert ce cadeau de fête à Fille Aînée, le salaud). Hé oui, je vous le donne en mille: un autre Belge.

Mais pour Mère indigne, c'est aussi et surtout un adulte. Un homme, qui plus est, qui vient briser l'isolement d'une mère coincée pour jouer aux devinettes quarante fois l'heure. Un homme qui, par sa seule présence, pulvérise l'angoisse de la susmentionnée maman penchée au-dessus de la table à langer, trop souvent seule face à l'innommable.

Bon, tout ce qu'il veut, Jean-Louis qui habite au centre-ville, c'est profiter de notre piscine, mais rien ni personne n'empêchera Mère indigne de n'y voir que du feu et de se rouler dans l'extase. C'est un adulte, bordel! Un grand! Qui va se mettre en maillot de bain!!!

Encore une chance que Mère indigne ait été occupée à faire la lessive des draps et à courir après Bébé qui découvre ces jours-ci les joies des escaliers, sinon, elle ne se posséderait plus.

Mais bon, avec tout ça, il ne s'est rien passé.

...

La pression est trop horrible.

La culpabilité trop étouffante.

J'avoue.

J'ai cédé à la tentation. J.-L. and me, on a pris un apéro à trois heures! Ça ne s'appelle pas sortir de l'enfer du quotidien, ça, messieurs-dames?

Pire: Jean-Louis a pris soin de Bébé pendant que j'étendais les draps sur la corde à linge! Pendant que j'allais aux toilettes!

Trop de confort, trop de liberté, flagellez-moi quelqu'un!!!

C'est là que Père indigne est arrivé. De bonne humeur. Content de voir Jean-Louis assis sur la balancelle à côté de son épouse, Bébé debout entre nous telle un charmant chaperon (mais pas rouge, hein -- je l'avais bien crémée). Il ne se doutait de rien, Père indigne; un reflet parfait de l'Innocence et de la Pureté.

C'est quand il est revenu de se mettre en maillot que ça a chauffé. "Dis-donc, Jean-Louis! Tes vêtements et ceux de ma femme sur le lit, et les draps qui ont été lavés... Quelqu'un pourrait m'expliquer?"

Il a tonné, il a menacé. J'ai pleuré, j'ai supplié. Les voisins ont espionné.

Et Jean-Louis, le lâche, après une dernière saucette, il s'est sauvé.

...

Ben non, voyons! On a tous rigolé! Qu'est-ce que vous croyiez? Deux Belges, des amis d'enfance! Un couple qui tient la route depuis dix ans! (Je parle de Père indigne et moi, là, pas d'eux deux -- quoique, parfois, j'ai mes doutes.) Ça va prendre plus que des vêtements étrangers jetés au hasard du matelas conjugal pour déstabiliser Père indigne, que diable!

N'empêche que...

N'empêche que du fond de mon bungalow, je rêve au prochain apéro.

À trois heures... Avec un grand...

Et c'est pourquoi je lance, direction 15 sud, ce cri du coeur: Jean-Louis, grand fou, je sais que tu n'en as rien à faire de briser ma solitude ou de pulvériser mon angoisse. Que tu ne songes qu'à ma piscine. Mais c'est d'accord! Peu m'importe! Tu viens quand tu veux!

En autant que tu te souviennes qu'icitte, c'est apportez votre vin.

2006/07/18

Inspiration, quand tu nous tiens

Y'a de ces jours (spontanément, je pense à hier) où l'on n'écrirait pas nécessairement des romans mais où l'on sait fort bien comment on les intitulerait. "Ces enfants qui geignent trop", par exemple. Ou bien "Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus, et voulez-vous bien me dire quand est-ce qu'on va installer des camps de vacances sur Pluton?"

Ah, puis je pourrais écrire des chansons, aussi. Il y en a une, ce serait sur l'air de "Tant qu'y restera quèqu'chose dans l'frigidaire", mais ça s'appellerait "Ç'a d'l'air qu'on roule encore en pneus d'hiver"...

Proust et Linda Lemay n'ont qu'à bien se tenir.

2006/07/16

R.I.P. Dairy Queen

Connaissez-vous l'expression anglaise "no good deed goes unpunished"? On n'accomplit pas impunément une bonne action.

Croyez-moi, c'est vrai. Je l'ai vécu. Et aujourd'hui, j'en témoigne.

Il y a quelques semaines, nous préparions, Fille Aînée et moi, une expédition au magnifique parc des Prairies. Au grand ravissement de Fille Aînée, le pique-nique était inclus dans le forfait. À mon avis, il n'y a pas grand chose de plus plate que faire des sandwichs, mais je me concentrai sur la scène bucolique qui suivrait, au bord de l'étang fréquenté par pic-bois, canards et tortues, et je me convainquis que le jeu en valait la chandelle.

Les préparatifs allaient rondement, nous étions presque en route, quand soudain, dans l'embrasure de la fenêtre, surgit une silhouette digne des pires cauchemars... Eugénie!

"Maman, tu penses à ce que je pense?" me souffla Fille Aînée. Quoi? Tu crois que si on se couche en boule par terre et qu'on fait le mort, elle va s'en aller? "On devrait l'inviter à venir avec nous!" Ah, ouais. Quelle idée géniale; j'en ai la chair de poule.

Eugénie fut donc invitée en bonne et due forme ("Ma mère a dit oui. Mais avant elle a dit: "Quoi??? Elle t'invite encore???"), et je dus confectionner un troisième sandwich. Je ne le savais pas encore, mais ce fut le moindre de mes problèmes.

Au parc, tout se déroula dans une atmosphère relativement sereine. Bon, il y eut bien la fois où on a enterré les jambes d'Eugénie sous le sable, pour son plus grand plaisir, et qu'elle a ensuite refusé de m'aider à faire de même pour Fille Aînée ("J'espère que tu sais, Eugénie, que la prochaine fois on commence par Fille Aînée." "C'est pas juste! Ça va être à MON tour!"). Mais en tout et pour tout, ce fut l'harmonie.

Puis, à l'heure de partir et comme lors de toute sortie qui se respecte, vint la question du Dairy Queen.

"Heille, on va-tu aller au Dairy Queen?"
"BONNE IDÉE EUGÉNIE!!! Oui, Maman! Dis oui!"

Bon. Puisqu'il faut tout vous dire, j'avoue que ça me fait toujours un peu mal aux dents de sortir une couple de piastres pour Eugénie. Mais je sais reconnaître la radinerie mesquine quand elle me tripote les courbes du portefeuille, et je me contraignis à accepter la demande.

À certaines conditions.

"Écoutez les filles. Bébé est fatiguée. J'aimerais mieux rentrer tout de suite, mais je vais faire un marché avec vous. Si Bébé ne pleure pas rendu au Dairy Queen, et si il y a une place de stationnement juste en face de la vitrine, s'il n'y a pas trop de monde dans la file et si vous me promettez de rester tranquilles dans l'auto, je vais aller en vitesse vous chercher vos cornets. C'est clair?"

"OUIIIIII!!!"

Ah, ah, ah! Je les avais bien eues! Jamais toutes ces conditions ne seraient réunies!

Elle le furent.

Je me sentais un peu mal à l'aise à l'idée de laisser les filles seules dans la voiture, mais tout de même: Fille Aînée a sept ans, le quartier est tranquille, et surtout, je pouvais exercer une surveillance de tous les instants par la grande baie vitrée du Dairy Queen. En cas de pépin, j'étais à quatre enjambées de la voiture. J'allai donc chercher les cornets, envahie, malgré tout, par un sentiment dérangeant de culpabilité.

J'étais de retour dans la voiture deux minutes plus tard, montre en main. Soupir de soulagement. Que dis-je, euphorie! Tout s'était bien déroulé!

"Qu'est-ce qu'on dit, les filles?"
"Merci, Maman!"
"Merci, MADAME LA FOLLE!"
"... Heu, Eugénie, j'espère que tu sais que si tu ne t'excuses pas, c'est la dernière fois que je t'amène au Dairy Queen."
"Ben quoi, c'est vrai que t'es FOLLE, tu nous as laissées TOUTES SEULES DANS L'AUTO!"

Je fermai les yeux. Dans ma tête, des images fragmentées d'Eugénie divulguant mon crime à ses parents. De la police qui viendrait sonner chez moi. De manifestations de voisins fous de rage devant mon domicile, murmurant qu'on ne peut s'attendre à beaucoup mieux du monde qui a le gazon trop long. De la DPJ emportant mes enfants en larmes loin, très loin de moi. De Père indigne en profitant pour me faire des blagues belges.

Mais surtout, et je m'en excuse, résonna jusqu'au tréfond des moindres fibres de mon corps ce cri du coeur: P'tite crisse!!!

Je l'avais emmenée au parc! Je lui avais acheté un cornet à deux piastres! Je lui avais fait un sandwich, bordel! Et elle, elle me tenait par où ça fait mal. Et elle serrait fort.

Mes mains tremblantes aggripaient le volant, mes phalanges blanchies annonçant avec éloquence qu'on avait déjà tué pour moins que ça.

Elle n'a que cinq ans? So what! Je la détestais.

D'une voix blanche, je répliquai finalement: "Eugénie. Je vous ai surveillées tout le temps. J'étais à moins de cinq mètres de la voiture. Si ça n'avais pas été le cas, tu n'aurais pas eu de cornet."

Silence.

"Alors, tu t'excuses?"

Autre silence, puis: "J'm'esscuze. On va-tu pouvoir revenir?"

"Ben oui, elle avait dit que si tu t'excusais, on pourrait revenir. Hein, Maman, on va revenir?"

Oh, oui, ma chouette. On va revenir. Toutes les deux.

Mais j'espère que tu sais qu'Eugénie, son cornet à elle, il est cuit!

Il ne faut jamais mordre la main qui nous a fait un sandwich. Jamais.

Et surtout pas la mienne.

***

En passant, une bonne adresse: Si vous voulez un vrai bon cornet de crème glacée molle, parfumé à la vanille naturelle et trempé dans de l'authentique chocolat belge (chocolat au lait, chocolat noir, chocolat blanc, praliné, etc...), il faut absolument aller faire un tour chez Chocomax, au 835 Décarie, dans Ville Saint-Laurent.

Le proprio est un Asiatique amoureux du chocolat qui a été faire ses classes à Bruxelles. Ses cornets sont tout simplement divins.

Pas de chance, Eugénie...

2006/07/14

Oups.

Père indigne m'a envoyé cette photo tout à l'heure.


C'est entre autres pour cette raison que je suis contre le travail des enfants.

2006/07/13

B-Bomb

Hier, à La Ronde, il y avait une bombe. Et cette bombe, c'était moi.

C'est pas compliqué: je n'ai jamais eu autant mal au coeur pendant une aussi longue période. Sept heures à essayer de raisonner un estomac rebelle, c'est long.

Et quand je parle de bombe, c'est plus qu'une image. Car j'avais vraiment l'air d'une grenade. Vous savez, verte? C'est pas compliqué, Tom Jones pourrait chanter "Barf bomb, barf bomb, you're a barf booomb..." et avec ma photo sur le CD, ça se vendrait à des millions d'exemplaires.

J'aurais dû me douter que ça n'irait pas. Déjà, je ne peux pas aller sur une balançoire ordinaire sans être atteinte d'une légère nausée. Et hier matin, quand on est parties, Fille Aînée et moi, à l'attaque de cette fantastique journée qu'elle attend depuis des mois, j'avais déjà mal au coeur dans le bus. Mauvais présage? You bet.

-- Maman, maman, as-tu aimé ça le Condor?
-- Pas vraiment.
-- Ah non??? Pourquoi???
-- Parce que... ça tourne?
-- Ouais! C'était tellement hot!
-- Moi, c'est dans mon estomac que c'est hot.
-- On y retourne?
-- No way! Heu, je veux dire, on va aller à la Grande Roue. Mais avant, que dirais-tu de nous asseoir un ti-peu?

-- Maman, veux-tu goûter à ma barbapapa?
-- Hurrgh. Non, chérie. C'est gentil mais... non.
-- T'es sûre?
-- Oui.
-- Même pas une petite bouchée?
-- Non. Et éloigne le sac de mon visage, s'il-te-plaît.
-- Allez... Juste pour goûter...
-- Écoute, chérie, j'ai mal au coeur. Si j'en mange, ça va être pire. Pour tout te dire, rien que d'en entendre parler, ça me donne envie de vomir. Alors arrête, d'accord?
-- Ah. OK. Compris.
-- ...
-- ...
-- ...
-- T'es vraiment sûre que t'en veux pas?

-- Hiiiiiiii!!! C'est full hot Disco Ronde, hein, maman?!
-- Hurrg... (Ça va aller. Tu le fais pour ta fille. T'es belle, t'es bonne, t'es capable.)

-- Hiiiiiii!!! C'est super cool le Tour de ville, hein, Maman?
-- Arrrgh... (C'est presque fini. Pense à tes rages de dents. Pense à tes accouchements. C'est rien, le Tour de ville. Une pinotte. Argh. Ne pas penser à de la nourriture.)

-- Hooouuu!!! C'est fou, hein Maman, le Toboggan Nordique?
-- Garggggh... (Tu peux détacher ton mental des forces physiques qui te malmènent. Ne te laisse pas atteindre par des contingences comme des spins à 360 degrés à une vitesse de 80 km/h dans le sens contraire de ton oesophage. Pense à la façon dont tu gérais tes contractions: intellectualise ta douleur. C'est presque fini.)

-- Humpf. C'est bébé les Joyeux Moussaillons, hein, Maman?
-- Gurgh... (T'as pas honte? T'as le goût de vomir même dans les manèges de bébé! Girl, you are so lame.)

Etc., etc. Même prendre le métro en rentrant, ça a été un défi.

Et ce n'était pas fini.

Car quand il m'a vu l'air, Père indigne a tout compris. Et il en a rajouté. "Oh, chérie, moi qui voulais te proposer une nuit d'amour avec, au menu, la brouette yougoslave et le tourbillon thaïlandais... De quoi te titiller le point G, hein?"

Le petit malin. Il devait parler du point Gerbe.

2006/07/09

C'est la fête, la fête...

Est-ce que je vous ai déjà dit que j'adorais organiser des fêtes d'anniversaire?

Ça m'étonnerait, parce que j'haïs ça.

Le plus dur, c'est d'enlever le gros creux que j'ai entre les sourcils avant que les invités arrivent -- de quoi leur faire penser que je ne suis pas contente de les voir, ah, ah, ah!

Et le pire, évidemment, ce sont les fêtes d'enfants. En effet, les fêtes d'anniversaire prouvent encore une fois, si besoin était, que nous les adultes, nous sommes des êtres supérieurs. Civilisés. Car, enfin, organiser une fête pour un adulte? Easy peasy. "Oui, bonjour, je voudrais réserver samedi soir pour seize personnes." Et voilà! Le tour est joué!

Pour les enfants, c'est une toute autre paire de ce que vous voudrez.

D’abord, quand c’est la fête d’un adulte, on lui donne ses cadeaux mais on ne remplit pas un p’tit sac de surprises pour tous ses amis. Alors, dites-moi, qui a eu la brillante idée de penser qu’il ne fallait pas juste donner des présents à l’enfant dont c’est l’anniversaire, mais à tous les autres aussi? Probablement une conspiration des Dollorama.

Et encore, j'ai fait le maximum pour minimiser les dégâts. J'ai calculé, pour mes deux enfants, qu'il me serait préférable de les concevoir autour d'octobre-novembre pour accoucher en plein cœur de l’été et ainsi avoir une maudite bonne excuse pour éviter d'inviter leurs amis d'école à venir foutre le bordel chez nous à leur anniversaire.

Et je dis bien chez nous. Parce que réserver une allée au bowling pour devoir m’enfourner des hot-dogs froids et empêcher les enfants des autres de se tirer leurs boules de quilles en pleine face (parce que leurs parents, eux, se sont tirés -- pas cons, les salauds)? Réserver une salle au cinéma pour être obligée de bouffer des nachos mous et me taper Le Gros Albert version doublée à la franchouillarde? Organiser une journée au Jungle Jungle et être prise pour retrouver quelques braillards coincés dans des tunnels en plastique qui donnent des chocs électriques et qui fleurent bon le pipi mariné? No way in hell. Pas d’affaires, Gilbert et niet, Georgette. Tant qu’à souffrir, j’aime autant souffrir chez nous.

(D’autant plus que, dans mon tiroir secret, j’ai précieusement gardé de mon dernier accouchement quelques comprimé d’Atasol-codéine que je conserve pour les cas d’urgence, dont les anniversaires.)

Tout ça pour vous dire que, l’anniversaire de Fille Aînée étant imminent, j’ai dû organiser quelque chose à la maison samedi dernier.

Quelque chose à son goût.

En effet, les enfants grandissant, il devient de plus en plus difficile de faire ce qu’on veut pour les fêter. Les petits coquins commencent à avoir une volonté propre, du genre : «J’aimerais ça inviter Sophie à la maison pour mon anniversaire. Et faire un anniversaire-santé, tu sais, avec des jeux.» Et vlan! On se retrouve à devoir retracer une copine d’école alors que l’école est finie (pas si brillant, finalement, le truc de la conception automnale) et à devoir (frissons d’horreur) organiser des jeux.

«Mais,» aurais-je voulu crier, «mais j’peux pas organiser des jeux, moi! J’sais pas comment! C’est Sœur indigne qui est bonne là-dedans. Sœur indigne, elle, quand elle gardait des enfants, elle arrivait avec un sac plein de jeux! Moi, j’arrivais avec une seule question : «Quand est-ce que je les couche?» Et là, il faudrait que j’organise des jeux? Pour toute une gang???» Tais-toi, Mère indigne. T’as voulu avoir des enfants, alors sois mère et tais-toi.

Alors j’ai organisé.

Pour éviter le pire, j’ai surtout invité la famille et les amis. Pas besoin de faire la converse avec des parents inconnus ou de s'occuper de petits orphelins d'anniversaire. (Sophie, la seule outsider, se demandait où étaient les autres copains de l’école – nevermind, chérie, on va bien s’occuper de toi.) Et pour les jeux, un seul réquisit: on devait faire des équipes de un adulte, un enfant -- pas question que je me tape les mioches à moi toute seule.

Quelques points forts de la journée :

"Oké, les amis. Rejoignez votre coéquipier, on va faire une course dans des sacs. Vous partez d’ici, vous allez jusque , puis rendu là, vous changez de place avec votre partenaire puis vous revenez à la ligne de départ. Compris? Un, deux, trois, go!!! Pffffrrrt… Ah! Ah! Ah! J’vais prendre une photo… Quoi? La course est finie? Qui a gagné? QUI A GAGNÉ? Personne n’a regardé? Fuck. OK, on recommence. Comment ça, c’est pas juste? J’AI DIT, ON RECOMMENCE!"

***

Moi – Oké, les amis. On va faire une course de brouette. Pour commencer, les enfants vont faire la brouette. Pour revenir à la ligne de départ, les adultes vont prendre leur place.

Ami – T’es folle!

Amie – Comment les enfants vont pouvoir nous porter???

Beauf’ – Chouchoune a juste trois ans!!!

Moi – (Maudit que je suis conne.) Oké, on fait un aller-retour, les enfants font la brouette dans les deux sens. Un, deux, trois… (Maudit que je suis épaisse!!!)

***

Moi – Bon, oké les amis, on va jouer aux ballons d’eau. L’adulte va remplir le ballon et ensuite le but est de se le lancer sans qu’il pète. Le gagnant est l’équipe qui remplit le ballon le plus rapidement et y’a des points bonis pour ceux qui se le lancent le plus longtemps.

Amie – C’est qui qui a pensé à des règles aussi connes!?

Tout le monde établit de nouvelles règles. Le jeu finit dans un free-for-all total parce que tout le monde veut faire péter un ballon d’eau dans la face de tout le monde. Tout le monde s'amuse; tout le monde me tape sur les nerfs. Je donne des points au hasard.

***

Moi – Oké les amis. On va faire une compétition de corde à sauter. L’équipe qui saute le plus de coups gagne.

Ami – C’est pas juste! Les petits ne savent pas sauter à la corde!

Moi – Oké, maximum de 50 coups.

Ami scientifique, en apparté avec moi – Pour que ça soit plus juste, on devrait additionner le nombre de coups des deux coéquipiers et diviser par l’âge de l’enfant. Comme ça, plus l’enfant est jeune, plus ça laisse de chances.

Frère scientifique – Ouais, bonne idée!

Moi, en apparté avec moi-même – Ouain, ça a de l’allure. (Whatever, qu'on en finisse.)

Moi, au public – Oké les amis, dans un souci d’équité, on va additionner le nombre de coups des deux coéquipiers et diviser par l’âge de l’enfant. (Fuck. Je suis encore en train d’avoir l’air conne.)

Amie – C’est qui qui a pensé à des règles aussi connes!?

***

Bref, de beaux moments d’humilité pour Mère indigne qui, la prochaine fois, invitera un clown à la maison pendant qu’elle va faire semblant d’être malade et ira en fait passer la journée au spa.

Parce que Mère indigne, le clown, elle l'a assez fait samedi.

***

Et la palme de l'infantilisme va à…

Fille Aînée a reçu de son parrain la patente de malade, un machin tout terrain énorme qui se contrôle avec une manette.

Les personnes de sexe masculin présentes avaient les yeux qui leur sortaient des orbites; un filet de bave pendait en catimini sur leur menton.

Évidemment, ces messieurs trépignaient d’impatience pendant que les fi-filles essayaient la bébelle.

Finalement, après deux (interminables) minutes, Père indigne s’interposa : «Oké les filles, c’est le tour de Tonton maintenant.»

All right les boys! Vous l’avez, l’affaire!

***

Ah, oui, j’oubliais. Je pensais que je remportais la palme de la carte d’anniversaire weirdo avec mon texte (« Chère Fille Aînée, dans 93 ans, tu auras 100 ans! Bravo! »), mais la fille d’une amie m’a battue à plate couture :

Ça, c’est ce que j’appelle du souhait.

2006/07/07

Tranche d'Eugénie

Eugénie: J'm'esscuze aké, mais ça s'peut que j'sente la vache.

Moi: Comment ça???

Eugénie: J'ai visité une place où y'avait plein de vaches hier.

Moi: Et hier soir, t'as pas pris ton bain?

Eugénie: Ah, ouain. Mais j'me suis pas vraiment lavée.

2006/07/05

Confession estivale

Ça m'énerve trop pour ne pas que je m'en confesse. Et ça ne me fait pas plaisir, mais il faut avouer que c'est souvent les filles.

Merci à PostSecret pour le concept.

2006/07/01

Au bout du chemin, dis-moi...

Je suis le genre de personne incapable d'apprécier le moment présent.

En fait, ce que je veux dire, c'est que je suis le genre de personne incapable d'apprécier le moment présent, sauf si j'ai mon appareil photo en main.

Je suis un peu, comment on dit déjà? Ah oui: compulsive. Le moindre rayon de soleil jette-t-il son dévolu sur une de mes filles ou sur un coin de mon jardin avec juste le bon angle, pour faire juste les bons reflets, je peux certes apprécier la beauté qui alors se dégage de l'ensemble; je peux même (en douteriez-vous?) être émue. Mais la vraie jouissance viendra de l'appareil photo qui, caressant mon tympan de son doux "clic" et éblouissant mes yeux par l'image de son vénéré écran de prévisionnement, m'assurera que oui, certains moments sont immortels.

À moins que le satané CD-photos ne succombe à une fatal error, mais ça c'est une autre histoire.

Toujours est-il que l'autre jour, il pleuvait. Et l'autre jour, on se promenait. J'ai donc, l'autre jour, pris une photo de Fille Aînée déambulant avec son parapluie. Moment de grâce.

Mais, de retour à la maison et admirant mes nouvelles captures numériques, moment de panique.

Avec mes yeux 100% objectifs de mère, j'ai vu, en Fille Aînée sous l'ondée, Catherine Deneuve avec son parapluie. "Mon Dieu!" me suis-je intérieurement écriée. "Elle est tellement belle! Et elle a l'air tellement grande!"

Ce que ça voulait dire, dans mon intérieur encore plus profond, c'était que Fille Aînée grandissait diablement et irrémédiablement vite. Que Fille Aînée, qui aura sept ans dans quelques jours, aura aussi dix ans à la vitesse de l'éclair, puis quinze, puis que viendra le moment atroce où jeunesse pourra en même temps qu'elle ne saura point et qu'elle empêchera ses parents de dormir. Et puis, sans crier gare, qui est-ce qui prendra mari tout en prenant pays? Qui est-ce qui fera à sa maman une peine étrange quand elle verra sa fille en robe blanche (bonjour, Petula)? Hein, c'est qui??? C'est Fille Aînée, voilà qui c'est.

Maudite pluie! Maudit parapluie! Maudit Canon ZoomBrowser EX!

Quoique, attendez un instant... Que vois-je donc se profiler au bas de cette traître photo, sur les déjà trop longues jambes de Fille Aînée? Mais... Mais ce sont des bleus! Des égratignures! Des bona fide BOBOS!

Et la panique a refoulé. Ma fille est encore une petite fille, Monsieur le Temps! J'ai des preuves! Voyez ses jambes d'enfant qui s'amuse à grimper aux arbres, à explorer le boisé et à s'emmêler dans les framboisiers sauvages, à sauter à la corde, à apprendre le badminton et à ne pas jouer à la tag barbecue!

Cet été, Monsieur le Temps, ma fille aura sept ans. Elle est encore une petite fille. Et elle est en vacances.

Alors pendant les siestes de Bébé, Maman délaissera sa cour privée de récré, dans laquelle elle s'amuse beaucoup mais qui exclut d'emblée sa petite fille. Bref, son blogue en prendra un coup. Maman continuera à prendre des notes, à passer de temps en temps par le confessionnal, à raconter les plus outrageuses anecdotes eugéniesques. Mais surtout, Maman va jouer avec Fille Aînée.

Parce qu'au bout du chemin, dis-moi ce qui va rester?

Les égratignures et les bleus sur les genoux, ce sont aussi des sortes d'étoiles filantes. Je vais prendre l'été pour en profiter, parce qu'elles sont belles et qu'elles passent vite. Très vite.

Alors... À vous tous et de tout mon coeur: Bonnes vacances!
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