2006/03/27

La mère indigne et quelques amuse-gueules

De retour une quizaine de minutes plus tard, bébé propre et endormi, il me fait plaisir de vous présenter la mère indigne et un aperçu de ses préoccupations.

Moi : Éternelle étudiante de 34 ans, ayant à son C.V. une vie de couple âgée de 10 ans, deux jeunes enfants, plusieurs cheveux gris généralement tolérés quoique soigneusement camouflés quand je n'en peux plus, pas encore de rides (disons que je n'ai pas vraiment regardé attentivement), quelques vergetures et une poitrine visible seulement au microscope depuis que j'ai cessé l'allaitement de la petite dernière. Cette dernière caractéristique contribue probablement à faire aussi de moi une intellectuelle hors pair... Enfin, c'est ce que je me dis. Atteindrais-je un jour la perfection dans l'art difficile de la maternité? Probablement pas.

Mon blogue : Non, il ne s'agit pas d'un endroit où une méchante marâtre vraiment pas gentille vous racontera des anecdotes propres à alerter la D.P.J. La mère indigne dont il est question ici est une maman qui essaie de faire son gros possible dans un monde où les guides parentaux font office de bibles pour des parents qui veulent être parfaits. Or, soit on respecte à la lettre les édits de ces manuels et on se voue à un burn-out à brève échéance, soit on accepte d'en dévier et on se condamne à la culture du secret envers le pédiatre ainsi qu'à un sentiment de culpabilité débilitant.

La mère indigne (dans ce cas précis, moi), ayant accouché d'un second enfant (appelons-la Petite Chérie Bis) il y a 7 mois et d'un premier (logiquement, Petite Chérie) il y a bientôt 7 ans, commence à accepter le fait qu'elle puisse développer sa propre expertise. Elle se sent quand même coupable (ce genre de culpabilité résultant probablement d’un gène activé avec le premier accouchement) mais elle essaie d'en revenir. Ce blogue est une invitation à partager ma quête du pas si pire et les paniques et fous rire qui en jalonnent le chemin.

Le comportement de la mère indigne : Amuse-gueules

À de rares exceptions près (Bourvil et Le chat musicien, par exemple), la mère indigne repousse la culture enfantine. Elle n'est pas intéressée au Bébé Mozart (avez-vous dit plate?) et préfère donner le biberon devant des reprises du beaucoup plus rigolo Temps d'une paix. Elle exècre Caillou (non mais, quel braillard!) et tente d'éviter, en envoyant Papa au cinéma à sa place, le film d'Annie Brocoli (on le sait qu'il faut faire attention à la planète) et celui du Manège enchanté (elle préfère sans vergogne son polar à Pollux). Par contre, elle partage joyeusement avec ses enfants sa passion pour Adamo, Claude François et autres Olivia Newton-John, perturbant ainsi à jamais leurs goût musicaux et les condamnant à une marge honteuse jusqu'à ce qu'une révolte adolescente la force à prendre son trou. Elle daigne cependant écouter Pin-Pon, Cornemuse et Macaroni Tout-garni parce que Pin-Pin, le monsieur tigre et Crocus sont quand même cutes.

La mère indigne ne veut pas croire les livres qui lui affirment qu'à l'âge de 6 mois, un enfant peut s'endormir seul dans son lit. Elle est prête à bercer bébé pour qu'il s'endorme jusqu'à ce qu'il ait, oh, environ deux ans? Il y a le fait que ce petit paquet tout chaud et plein d'amour grandira bien assez vite et qu'en attendant, on peut bien le câliner un peu. Mais un simple calcul utilitariste justifie aussi cette décision: entre 10 minutes de chaise berçante versus une heure de cris aigus et de pleurs déchirants, le choix est facile à faire. Bien sûr, tout le monde vous dira qu'il suffit de tenir tête à votre petit ange trois ou quatre fois pour que ce dernier range ses hurlements et s'endorme docilement. Mais la mère indigne, épuisée car ne croit pas non plus au fait de laisser bébé pleurer la nuit sans le consoler ou le nourrir, se donne la permission d'adopter des politiques à courte vue afin de retourner au plus vite à son polar.

La mère indigne choisit ses batailles. Une gardienne motivée décide de prendre en charge l'apprentissage de la propreté de votre enfant? Excellent. Pour votre part, vous vous en lavez les mains et attendez les résultats avec une curiosité détendue, au lieu de surveiller anxieusement les moindres signes annonciateurs de pipi et de courir à la salle de bain avec Junior 5 fois l'heure pour finir par tenter d'éponger une flaque sur votre nouveau divan. Vous choisissez plutôt d'enseigner -- le plus tard possible -- à votre petit les rudiments des boucles de lacets, mais uniquement s'il y a une pénurie de chaussures avec des attaches en velcro au cours des 10 prochaines années. Et si jamais on ne lui montre pas comment faire à l'école. Par contre, il vous fait plaisir de l'initier à certaines tâches parfaitement inutiles, comme le tricot.

La mère indigne a également une attitude particulière envers la nourriture, les fêtes d'enfants, la discipline, les enfants des autres, etc. Ses idées sont aptes à changer selon son humeur ou le temps qu'il fait dehors. En fait, vous découvrirez que la seule chose qui importe pour la mère indigne qui vous écrit, c'est son amour inconditionnel pour ses enfants, son admiration sans borne envers ces petits êtres qui doivent apprendre à se débrouiller dans un monde de fou, son respect de leur caractère unique et sa volonté d'être là pour mettre en valeur leurs forces et atténuer les impacts de leurs faiblesses.

Enfin, la plupart du temps.

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