Vacances à Cuba (Guantanamo)
Avez-vous déjà entretenu un petit doute quant à la franchise des parents quand ils affirment, à l'unanimité, qu'ils préféreraient mille fois mieux être eux-mêmes malades plutôt que leurs enfants? Eh bien croyez-moi, c'est vrai à cent pour cent. En ce moment, Bébé a un gros rhume, et je ne vous dis pas ce que je donnerais pour être à sa place.
Non mais, sérieusement: nous, les adultes, on sait comment profiter de la maladie. Un gros rhume? Hop! Au lit, sous une couette épaisse. Objectif: somnoler toute la journée en geignant de temps à autre pour montrer que ça va vraiment, vraiment mal. Se laisser bichonner, mais pas envahir. Percevoir dans le lointain quelques chuchotements attentionnés ("Viens, on va laisser Maman tranquille, elle est malade"). Parfois, allumer la petite lampe pour lire 2-3 pages de notre roman policier en cachette. Pour faire un peu d'exercice, se traîner jusqu'à la salle de bain et s'éterniser dans un bon bain brûlant. S'endormir dedans. Et enfin, pouvoir s'adonner en toute légitimité à l'engourdissement bienfaisant que procure la reine des drogues: le Néo-Citran.
Les enfants, eux, ne savent pas comment être malades. Les bébés sont les pires.
Un bébé malade est comme un prisonnier à Guantanamo: il sait qu'il est en prison, mais il pourrait jurer qu'on n'a aucune raison légale de le maintenir là. Mais le pire, évidemment, c'est la torture. C'est d'avoir à affronter, 42 fois par jour, le frottement d'un mouchoir toujours rêche, peu importe le nombre de plis et la quantité de lotion qu'il contient supposément. C'est de se faire envahir la cavité nasale par des giclées de Salinex, puis, de se faire enlever la morve ainsi générée à l'aide d'une pompe qui doit être insérée aux 9/10e dans la narine. C'est, Dieu les aide, de se faire prendre la température à chaque changement de couche au moyen d'une méthode absolument révoltante. Et tout ça, jour et nuit, sans que Bébé comprenne que tout cela sert bel et bien à quelque chose.
"C'est pour ton bien." Que cette expression résonne cyniquement aux oreilles d'un bébé pour qui la vengeance ne peut passer que par le biais d'un régurgit sur un habit de soirée, alors qu'il se meurt de pouvoir nous balancer un coup de karaté dans les parties.
Et on ne peut pas y échapper: c'est nous, les parents, qui devons jouer au bourreau. Et nous devons le faire avec les moyens limités que la Providence et Johnson & Johnson veulent bien nous donner. Ce qui m'amène à ma montée de lait de cette semaine, intitulée "Voulez-vous bien me dire pourquoi, en 2006".
Non mais, voulez-vous bien me dire pourquoi, en 2006, la seule manière qu'on ait trouvé d'adoucir les soins aux enfants malades est de leur mettre du câline d'arôme de raisins dans leurs médicaments? On ne pourrait pas inventer, pour déboucher en douceur le nez de bébé, une doudou qui fleure délicatement le Vicks? Une poudre à éternuer doublée d'un léger gaz hilarant? Une pompe ultra-puissante qui aspirerait les sécrétions (a.k.a. la morve) à distance? Des kleenex vraiment doux?
Et surtout, peut-on s'entendre pour dire que le thermomètre rectal, ça devrait être vendu seulement dans les sex-shops? Pourquoi les thermomètres d'oreille, ça marche pour les jeunes enfants, mais pas pour les bébés? Vous dites? Le bout est trop gros, ça n'entre pas bien dans l'oreille et ça ne donne pas une lecture juste de la température? Heille, ça doit être tout un défi technologique d'en fabriquer un avec un bout plus petit!
(En plus, à la maison, nous avons la pire race de thermomètre rectal qui soit. Électronique, il est ultra-sensible, mais pas à la température. Sitôt que Bébé remue le popotin, le thermomètre se met à biper comme un fou et refuse d'indiquer le moindre degré Celsius. Franchement, celle-là, je ne la comprends pas. Quand on va dans une discothèque, c'est clair que c'est bruyant, mais est-ce que ça va nous empêcher de dire s'il y fait chaud ou non???)
Bon, voilà, je m'énerve. Si ça continue, je vais finir par tomber malade.
Ouiiii, tomber malade...
Non mais, sérieusement: nous, les adultes, on sait comment profiter de la maladie. Un gros rhume? Hop! Au lit, sous une couette épaisse. Objectif: somnoler toute la journée en geignant de temps à autre pour montrer que ça va vraiment, vraiment mal. Se laisser bichonner, mais pas envahir. Percevoir dans le lointain quelques chuchotements attentionnés ("Viens, on va laisser Maman tranquille, elle est malade"). Parfois, allumer la petite lampe pour lire 2-3 pages de notre roman policier en cachette. Pour faire un peu d'exercice, se traîner jusqu'à la salle de bain et s'éterniser dans un bon bain brûlant. S'endormir dedans. Et enfin, pouvoir s'adonner en toute légitimité à l'engourdissement bienfaisant que procure la reine des drogues: le Néo-Citran.
Les enfants, eux, ne savent pas comment être malades. Les bébés sont les pires.
Un bébé malade est comme un prisonnier à Guantanamo: il sait qu'il est en prison, mais il pourrait jurer qu'on n'a aucune raison légale de le maintenir là. Mais le pire, évidemment, c'est la torture. C'est d'avoir à affronter, 42 fois par jour, le frottement d'un mouchoir toujours rêche, peu importe le nombre de plis et la quantité de lotion qu'il contient supposément. C'est de se faire envahir la cavité nasale par des giclées de Salinex, puis, de se faire enlever la morve ainsi générée à l'aide d'une pompe qui doit être insérée aux 9/10e dans la narine. C'est, Dieu les aide, de se faire prendre la température à chaque changement de couche au moyen d'une méthode absolument révoltante. Et tout ça, jour et nuit, sans que Bébé comprenne que tout cela sert bel et bien à quelque chose.
"C'est pour ton bien." Que cette expression résonne cyniquement aux oreilles d'un bébé pour qui la vengeance ne peut passer que par le biais d'un régurgit sur un habit de soirée, alors qu'il se meurt de pouvoir nous balancer un coup de karaté dans les parties.
Et on ne peut pas y échapper: c'est nous, les parents, qui devons jouer au bourreau. Et nous devons le faire avec les moyens limités que la Providence et Johnson & Johnson veulent bien nous donner. Ce qui m'amène à ma montée de lait de cette semaine, intitulée "Voulez-vous bien me dire pourquoi, en 2006".
Non mais, voulez-vous bien me dire pourquoi, en 2006, la seule manière qu'on ait trouvé d'adoucir les soins aux enfants malades est de leur mettre du câline d'arôme de raisins dans leurs médicaments? On ne pourrait pas inventer, pour déboucher en douceur le nez de bébé, une doudou qui fleure délicatement le Vicks? Une poudre à éternuer doublée d'un léger gaz hilarant? Une pompe ultra-puissante qui aspirerait les sécrétions (a.k.a. la morve) à distance? Des kleenex vraiment doux?
Et surtout, peut-on s'entendre pour dire que le thermomètre rectal, ça devrait être vendu seulement dans les sex-shops? Pourquoi les thermomètres d'oreille, ça marche pour les jeunes enfants, mais pas pour les bébés? Vous dites? Le bout est trop gros, ça n'entre pas bien dans l'oreille et ça ne donne pas une lecture juste de la température? Heille, ça doit être tout un défi technologique d'en fabriquer un avec un bout plus petit!
(En plus, à la maison, nous avons la pire race de thermomètre rectal qui soit. Électronique, il est ultra-sensible, mais pas à la température. Sitôt que Bébé remue le popotin, le thermomètre se met à biper comme un fou et refuse d'indiquer le moindre degré Celsius. Franchement, celle-là, je ne la comprends pas. Quand on va dans une discothèque, c'est clair que c'est bruyant, mais est-ce que ça va nous empêcher de dire s'il y fait chaud ou non???)
Bon, voilà, je m'énerve. Si ça continue, je vais finir par tomber malade.
Ouiiii, tomber malade...
3 expertise(s)
Je me souviens à cinq ans opération pour les amygdales, ils m'ont pris la température dans le popottin et quelle horreure! Je m'en souviens encore...
Et on envoie des hommes sur la lune, faut croire que ce n'est pas une priorité...
J'adore ton idée de la poudre à éternuer, surtout avec du gaz hilarant!! Elle me serait très utile aujourd'hui LOL
Bravo pour tes textes, ils sont toujours un régal à lire!
My goodness. Flashbacks en puissance pour moi. Je compatis à tes malheurs, chère mère indigne, et ne le prends pas mal, si je compatis en souriant... C'est que, tu vois, tu es très, très colorée :-)
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