2006/08/09

Mère indigne déménage

Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa.

Je sais que c'est embêtant d'aller jouer dans vos liens, mais je n'ai pas pu résister à la tentation d'avoir mon www.mereindigne.com à moi toute seule (www.wild&sexyhousewife.com était déjà pris).

Il reste encore la peinture à faire et des photos (indignes, c'est promis) à accrocher sur les murs, mais vous êtes d'ores et déjà les bienvenus sur le nouveau site!

Notez que les commentaires sur le site actuel de Blogspot ne seront plus visibles, mais ils sont tous arrivés avant vous sur mereindigne. Comme quoi la pensée voyage plus vite que les souris...

Au plaisir de vous retrouver bientôt!

Spiritu Toutou

Saviez-vous, Mesdames et Messieurs, que pour une modique somme se situant quelque part entre vingt-cinq dollars et l'infini étoilé, votre enfant pouvait vivre une expérience spirituelle extraordinaire?

Et qui plus est, au Mont-Tremblant?

C'est facile. Une fois que vous avez fait trois tours de téléphérique et décrété que la file d'attente était vachement trop longue pour les trampolines/bungees, vous constaterez que le village Tremblant, reconstitution exacte d'une époque inconnue dans un style propre-propre, n'a plus rien à offrir à vous et à vos enfants affamés d'expériences profondes. Rien d'autre, en fait, que l'Atelier Toutou.

Je vous avertis: n'allez pas à l'Atelier Toutou si vos enfants sont inscrits en morale à l'école. Car en morale à l'école, vos enfants, ils ne font que des dessins. Je le sais, Fille Aînée a fait beaucoup de dessins cette année (et elle a appris qu'il ne faut pas marcher sur le gazon quand une pancarte l'interdit, ce qui est pas mal comme début moral dans notre ère dégénérée).

Or, à l'Atelier Toutou, foin des dessins. Ce n'est pas assez "Tremblant", un dessin, surtout s'il ne coûte rien. Non, à l'Atelier Toutou, vos petits chéris vont créer un être spirituel.

Ils choisiront d'abord son enveloppe corporelle (Fille Aînée a jeté son dévolu sur un chien Husky, mais y'a aussi des lapins, des chatons, peut-être même des poules, pour tout ce que j'en sais). Ensuite, ce sont vos propres enfants qui, en pesant avec émotion sur un piton magique, vont rembourrer leur toutou. Déjà, voyez que l'équation moi=Dieu n'est pas loin.

Mais bon, l'enveloppe corporelle, le stuffing, ce n'est pas encore le souffle de vie. Le plus corsé reste à venir. Car faut que vos déités respectives choisissent une âme pour insérer dans le dos de leur toutou (chacun sachant évidemment que le siège de l'âme des toutous est dans leur dos). Alors: il choisit une étoile bleue, son toutou sera heureux; un coeur rouge, c'est l'amour qui caractérisera sa peluche; et (tenez-vous bien) une étoile jaune lui garantira des amis pour la vie. (Père indigne se demande ce qu'en pensent les Juifs qui fréquentent l'endroit, mais ne nous laissons pas arrêter par de tels détails historiques! On parle de l'âme d'un toutou, ici!)

Finalement, faut le baptiser. Je ne sais pas s'ils encouragent les enfants dans certaines directions, mais le Husky est revenu avec un nom assez ésotérique merci. Huisha? Oyshi? Quelque chose du genre -- même Fille Aînée doit consulter son certificat de création (oui, oui) avant de jouer avec.

Enfin, tout ça pour dire que, si la religion est sortie des écoles, on sait où elle est rendue.

Moi, ce que j'aurais vraiment aimé, c'est me faire faire un toutou, n'importe quelle sorte, refuser de lui donner une âme et le baptiser Chuckie.

Mais rendue là, j'étais à court de modiques sommes.

***

M'en vais visiter des mines en Abitibi. De retour lundi!

2006/08/08

De plastique et de poules

De retour d'une fin de semaine de rêves (je mets un "s" à rêve, parce qu'on a beaucoup dormi).

Ah! Dix ans de vie de couple! Que de souvenirs accumulés! Mais aussi... que de désirs encore inassouvis...

Mère indigne -- Sais-tu ce que j'aimerais vraiment?

Père indigne -- Quoi?

Mère indigne -- Me trouver un casque de bain, tu sais, genre années 50, avec des fleurs en plastique dessus? Me semble que mes cheveux sont supers secs à cause de la piscine.

Père indigne -- Je vais te trouver ça sur e-bay.

Mon héros!

Père indigne -- Moi, y'a aussi quelque chose que j'aimerais vraiment.

Mère indigne -- Combien ça coûte?

Remarquez qui est le pingre dans le couple. Mais je l'avoue, je me méfie.

Père indigne -- Vraiment pas cher! C'est un crayon-mémoire sur lequel on peut mettre des MP3 et qui a un récepteur radio. On peut écouter de la musique et la radio avec.

Et de quoi me méfie-je le plus, dans les replis les plus sombres de mon âme? Des technologies, voilà de quoi.

Une fille qui rêve de fleurs en plastique, ça se méfie des technologies.

Père indigne -- Ils vendent tout le kit, écouteurs, etc., quarante-quatre dollars.

Hum. Je suis sûre qu'il me cache quelque chose, que sa patente de crayon-radio est moins innocente qu'il n'y paraît, en tout cas moins innocente qu'un casque de bain, mais vous auriez dû voir ses yeux! Brillants, éblouis à l'idée de pouvoir posséder un walk-man haut de gamme. Quelle femme serait assez cruelle...? Surtout qu'il venait de proposer d'aller se jeter pour moi dans la fosse aux lions e-bayienne.

Et que la bouteille de vin était déjà bien entamée.

Mère indigne/Reine Mère -- Je consens.

Bien sûr, nous sommes loin des croissants de soleil à la saveur de miel et de rosée pour déjeuner, mais ne vous y trompez pas: notre couple est parfait. Un pied dans le passé-en-plastique-fleuri, un pied dans le présent-en-métal-futuriste. Suractivé pour durer. Pour surdurer!

***

Dans la voiture, en route pour nos trois jours de rêve(s), Père indigne me relatait ce brin de discours éducationnel que Fille Aînée a tenu à Bébé en lui montrant les illustrations d'un livre cartonné:

Fille Aînée -- Ça, c'est une poule. C'est Maman. Ça, c'est une lapine. C'est Maman. Ça, c'est une chatte. C'est Maman.

Joli, hein?

Mais en fait, j'étais plutôt soulagée. Car ne m'a-t-on pas épargné la chienne, la chèvre et la guenon?

Merci, mon Dieu, pour Tes petites faveurs.

2006/08/04

Un Père indigne, c'est pour la vie

Je l'ai appris chez Sophie Durocher: des personnes bien sous tout rapport (elles publient dans le Monde) ont décrété que l'amour ne durerait, en fait, que trois ans. Avant Père indigne, j'aurais juré que ça durait beaucoup moins longtemps, mais aujourd'hui! Stupeur et tremblements, comme disait l'autre! Car cela voudrait dire que mon homme et moi, ça fait sept ans qu'on croit s'aimer alors que notre jardin de roses s'est transformé depuis longtemps en désert de pics-pics qui piquent!?

Non! Je refuse de le croire.

Je pense plutôt que Père indigne et moi, on a trouvé le moyen de mettre le compteur à zéro trois fois après notre rencontre, parce que ça va faire dix ans qu'on est ensemble dans quelques jours, et j'ai encore l'exquise sensation d'une énorme vague rose-nanane qui m'envahit coeur à la pensée de ce grand escogriffe Belge qui m'a fait découvrir les moules, le tourniquet malgache, le féérique Atomium et l'expression "skieve lavabo".

Bon, peut-être en ce moment même songe-t-il à organiser avec Jean-Louis un party de piscine sans femme et sans maillot, mais je n'y peux rien, je l'âiiiime!

Selon l'article du Monde, notre persévéritude serait dûe, à ce qu'il paraît, au fait que nous dialoguons, que nous avons des projets communs et aussi notre petit jardin secret individuel. Voyons voir.

Nous dialoguons, c'est un fait. Nos dialogues les plus importants de la journée surviennent le matin ("Veux-tu prendre ta douche?" "Quoi, je pue?" "Noooon." "OK, d'abord, j'y vais.") et juste avant le dodo ("Qui est-ce qui se lève cette nuit si Bébé se réveille?" "Je me suis levé hier." "C'est ma fête dans deux jours..." "OK, d'abord, j'irai.").

Nous avons aussi des projets partagés. Par exemple, ça fait cinq ans qu'on a comme projet d'avoir une aide pour l'entretien ménager ("femme de ménage", ça fait trop "femme de ménage", non?). Mais on trouve toujours quelque chose d'autre à faire avec le 50$ par semaine, alors je crois que nous partagerons ce projet encore bien longtemps. En attendant, on partage les tâches, ce qui est déjà pas mal...

Reste le jardin secret. Là, après dix ans, dur-dur.

Mère indigne -- Qu'est-ce qu'on mange pour dîner? (Dans mon jardin secret: You don't know it yet, darling, but on va aller chercher du Harvey's.)
Père indigne -- Ah, ah! J'ai compris. C'est correct pour moi.
Mère indigne -- T'as compris quoi, au juste?
Père indigne -- On va aller chercher du Harvey's. Juste à ton ton de voix, je l'ai su.
Mère indigne -- Busted.

Et puis, juste hier soir, dans mon p'tit jardin secret, je me disais que j'aimerais vraiment ça qu'on aille chercher des sushis pour le souper, mais on y avait été quatre jours auparavant et puis le budget, etc. C'est alors que...

Père indigne -- Je sais qu'on en a mangé il n'y a pas longtemps, mais j'aimerais vraiment ça si on allait encore se chercher des sushis ce soir. Mais y'a le budget et...
Mère indigne -- Busted again! Yeah!

Mais j'y pense, j'en ai un, jardin secret! C'est celui qu'il y a dans la cour en arrière. C'est moi qui prépare, qui plante et qui récolte, sans que Père indigne s'en aperçoive! Mon jardin est même tellement secret que Père indigne s'apprêtait à faire une grosse gaffe, hier:

Père indigne, se penchant pour faire mine d'arracher quelque chose -- Ouf! T'as vu les mauvaises herbes!
Mère indigne -- Heu, de quoi tu parles?
Père indigne -- Ben là, les grosses feuilles qui ont l'air de la rhubarbe.
Mère indigne -- C'est nos zucchinis et nos citrouilles.
Père indigne, qui recule car il sait ce qui est bon pour lui -- Oh.

J'ai un jardin secret, alors inutile de courir les journaux à potins. Père indigne et moi, c'est pour la vie.

Et on va aller fêter ça ce week-end, dans notre auberge favorite. On va manger comme des gloutons, dormir comme des loirs et savourer la vue de la rivière en prenant l'apéro sur la terrasse avec Jean-Claude et Matilde. (Jean-Claude, les filles, c'est un Français; le père d'une de mes meilleures copines. Il est beau, hein? Mon auberge préférée, vous dis-je.)

Et puis, Père indigne et moi, on va peut-être même jouer à trouve-mon-jardin-secret-non-pas-là-plus-haut, mais ça, inutile de courir les journaux à potins... Vous ne le saurez pas!

2006/08/03

Jean-Louis XXX, 38 ans, terrorisé

Vous vous souvenez de Jean-Louis? Jean-Louis XXX? Celui qui, il n'y a pas si longtemps, a amadoué Mère indigne avec une bouteille de blanc et un corps tout aussi blanc exposé au soleil brûlant de la cour arrière, avec pour seule barrière à nos vertus respectives un maillot noir judicieusement ajusté sur les parties intéressantes? (Tous les maillots sont comme ça, je sais, mais j'avais envie d'emphatiser.)

Hé ben Jean-Louis, il a eu peur. Que dis-je, il a été terrorisé.

Parce que quand il est revenu, Jean-Louis, il a fait exprès que Père indigne soit là. Bon, c'est son meilleur ami et il est en vacances. And alors?

Pire, il n'a même pas apporté de sauvignon, croyant probablement que c'est le 13% de la mixture qui me rend indigne. Alors que toute personne un tant soit peu sensée sait qu'en réalité, je suis une sainte (j'ai été à La Ronde avec Fille Aînée, oui ou non?).

Et oserais-je vous le dire sans risquer que me colle à tout jamais à la peau l'image d'une pauvre femme lésée et abandonnée? Ils ont folâtré à deux dans la piscine pendant que je m'occupais des enfants. Et que je t'envoie le ballon, et que je t'arrose, et que je fume une clope pendant que tu me racontes ta semaine au boulot... Les salauds.

Mais tout ça, en fait, ce n'est rien. Car pour enfoncer le clou, pour être certain que je comprenne bien son cruel message de rejet, vous savez ce qu'il a fait, Jean-Louis? Dans la piscine, il a essayé d'enlever le maillot à Père indigne.

Jean-Louis, cette fois, tu es allé trop loin. Pas d'excuses, pas de parade futile ou de suppliques hypocrites. Tout est fini entre nous.

Ou alors, la prochaine fois, tu te ramènes avec une maudite bonne bouteille.

2006/07/31

L'apocalypse dans cinq, quatre, trois...

Mesdames, vous voulez mettre un peu de piquant dans la vie de vos proches? C'est facile. Partez.

Non, non! Ne faites pas vos valises! Quand je dis "Partez", je veux dire qu'il vous suffit de partir cinq minutes.

Exemple:

Samedi soir, 19h. Il faut aller chercher des frites pour accompagner les moules marinières (on n'épouse pas impunément un Belge). Afin de montrer à Fille Aînée que la culture ne s'arrête pas à lire des BD, Père indigne est occupé à lui installer Le gendarme et les extraterrestres dans le DVD. Or, pour que les branchements du DVD et autres machines arrivent à produire du son, il faut que ce soit Père indigne qui installe les films. Ergo, vous vous portez volontaire pour les frites.

(Bon, il y a aussi le fait qu'à la Belle Province que vous fréquentez, les gars derrière le comptoir sont pas mal, mais alors là, pas mal du tout. Y'en a un super baraqué mais pas trop, comme un nageur -- et il se balade toujours en t-shirt serré --, et un autre qui a un de ces sourires! Juste à les voir tremper leurs frites dans l'huile chaude... Mais je m'égare.)

"Bon, les cocos, je reviens dans 5 minutes!"

Et cinq minutes plus tard, vous êtes de retour dans le nid familial.

Où Bébé hurle à pleins poumons.

Où Fille Aînée, hystérique, vous affirme que quelque chose s'est produit de "vraiment DÉ-GUEU, Maman!!!"

Et où Père indigne a l'air de Gilligan qui aurait subi une journée, que dis-je, une semaine particulièrement éprouvante sur une île inhospitalière d'où Ginger et Marianne se seraient enfuies en le laissant se débrouiller avec un capitaine incontinent.

Les divers témoignages qui vous parviennent de toutes parts vous permettent de reconstituer les faits:

"C'était dégueulasse!" (Fille Aînée)
"Bon. Bébé s'est pris le pied dans le tabouret et j'ai essayé de l'enlever mais ça lui a fait mal." (Père indigne)
"C'était dégueulasse!" (Fille Aînée)
"Mais le pire, c'était avant." (Père indigne)
"Ouais, c'était dégueulasse!" (Fille Aînée)
"J'écoutais Le gendarme avec Fille Aînée et Bébé se promenait autour..." (Père indigne)
"C'était dé-gueu-lasse!" (Fille Aînée)
"... Elle n'avait pas de couche." (Père indigne)
"C'était dégueulasse!" (Fille Aînée)
"Alors j'entends des bruits bizarres..." (Père indigne)
"Dégueu!!!" (Fille Aînée)
"... et je la vois assise par terre, en train de bouffer quelque chose..." (Père indigne)
"C'était dégueulasse!" (Fille Aînée)
"Y'avait comme deux crottes..." (Père indigne)
"Ouache!" (Fille Aînée)
"... et elle en avait sur la langue." (Père indigne)
"Maman, là, c'était vraiment dégueulasse." (Fille Aînée)
"Je l'ai lavée partout, là, ça va." (Père indigne)
"Mais c'était dégueulasse." (Fille Aînée)

Cinq minutes, vous dites-vous. Cinq minutes!

***

Le jour suivant, pour faire un test d'action/réaction, Père indigne raconte la mésaventure à Eugénie.

"J'ai vraiment insisté sur les détails," me dit-il après-coup, "pour voir jusqu'à quel point je pourrais la déstabiliser."

"Et qu'est-ce qu'elle a dit?"

"Elle m'a dit: "Tu aurais dû le mettre dans ta bouche, le caca!""

Là, j'en ai été émerveillée. Sérieusement, j'ai eu l'impression d'assister à un moment charnière de l'évolution humaine, comme si quelqu'un voyait, dans sa cour arrière, un homme du néolithique gosser après une roche pour fabriquer la première roue.

Parce qu'enfin, que je sois pendue si Père indigne n'a pas été témoin d'une forme primitive et rudimentaire de l'expression populaire "Mange donc de la ...!"

C'est beau, la marche des civilisations.

2006/07/28

Logique implacable

J'ai une copine qui a l'habitude d'endormir son bébé en lui chantant "À la claire fontaine". Pas juste 3-4 strophes, là. La chanson au complet, version originale avec la fin triste et tout.

Or, sa poupounette, elle, a l'habitude de s'endormir de manière récurrente à la fin de la seconde interprétation de cette berceuse. Belle régularité, on aime ça chez les bébés.

L'autre jour, mon amie était particulièrement pressée d'endormir Poupounette. Était-ce la fatigue extrême, la cruauté de la vie, le fait qu'il ne restait plus de biscuits Célébration dans le garde-manger? Toujours est-il qu'elle voulait, elle aussi, aller rejoindre le beau Morphée pour une partie fine au motel Dodo.

C'est alors qu'elle s'est surprise à chanter la berceuse plus rapidement. Raisonnement sous-jacent: plus vite elle arriverait à la fin de la deuxième tournée, plus vite Poupounette dormirait.

Finalement, je me suis ren mon amie s'est rendue compte que ça ne marchait pas comme ça.

Confession paranoïaque

Inspirée d'une course contre la montre ce matin, pour arriver saine et sauve à l'heure de la sieste.


Merci à PostSecret pour le concept.

2006/07/26

La switch à "bitch": cas d'espèce

Visite à l'Exotarium hier avec Fille Aînée, qui n'aurait jamais pensé que les tortues pouvaient marcher aussi vite, et avec Bébé, qui essayait par tous les moyens d'infiltrer ses doigts dans la grille de la cage d'un alligator à l'oeil torve. Le sac-à-main manqué ne bougeait pas mais n'en pensait pas moins, j'en suis sûre.

Pour ma part, ce qui m'a fascinée, c'est le pouvoir d'évocation des tortues. J'ai d'ailleurs baptisé le spécimen ci-contre "Rocco".

***

J'ai aussi pu observer à l'Exotarium un type d'animal apparenté au serpent venimeux: une dame qui avait, comme dirait Beauf' adoré, la switch collée à "bitch".

Toute en rose fuschia, elle avait le teint floridien et la voix pavarottesque.

"Mon Dieu!", s'exclame-t-elle devant un formidable papillon bleu électrique exposé sur les murs de la section "Insectes". "C'est ben LAID!"

Eugénie, sors de ce corps?

"Wéyons, Môman", de répondre sa fille qu'on sentait déjà un peu mal à l'aise. "C'est des beaux papillons."

Le gendre, lui, ne pipe mot.

"Sont laids, c't'effrayant", réitère Môman. Elle jette un regard dédaigneux sur les environs. "Quins, y'a du monde assis icitte. Pour moé y vont lâcher des papillons ta-l'heure."

"Ben non, c't'un film."

"Y vont lâcher des papillons ta-l'heure."

"Ben non, c't'un film."

"Y vont lâcher des papillons ta-l'heure."

"Môman, c't'un film!"

"Y vont lâcher des papillons." (S'adressant à une dame assise sur un banc:) "Han, madame, y vont lâcher des papillons icitte, ta-l'heure?"

"NON, MÔMAN, c't'un film!"

"Non madame, c'est une projection de film."

"Ouain. Y vont lâcher des papillons icitte un m'ment n'né."

Dans le coin du gendre, le silence règne.

Plus loin: "Quins, r'garde, Môman. C'est écrit: De magnifiques insectes."

Môman regarde un scarabée africain ivoire et noir, tellement majestueux qu'il en est sexy. Elle pince les lèvres et annonce d'une voix moqueuse: "Ben oui. Sont beeeeen magnifiques."

Le gendre est toujours absent de l'écran radar.

J'avais oublié de vous dire: nous sommes dans une vieille grange d'époque reconvertie en insectarium. Une vive lumière s'infiltre entre les planches; des courants d'air en profitent pour venir apaiser l'humidité de cette chaude journée.

Mais le sol de la grange n'est pas très droit, et la fille de Môman manque de perdre pied en jouant à cherche-la-mygale.

Examinant le plancher d'un oeil critique, Môman décrète que "si ça contunue, on va visiter la cave." Voyant les nombreux interstices, elle ajoute: "Y doit avoir des souris icitte, la nuitte, ça doit être effrayant."

Et dans cet insectarium, c'est le gendre qui, jusqu'alors coi, remporte la palme de la réplique absurde: "Ben non, voyons. Y'a pas de bébittes icitte."

Quand ils sont partis, la coquerelle géante de Madagascar ricanait encore.
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